Quand j’étais bergère, Bergère au hameau, (La bergère est belle à voir), Le prince m’a vue, Le prince qui passe Dans un bateau d’or Aux voiles de moire, M’a prise pour femme Dans le bateau d’or. Quand je fus princesse, Princesse au château, (La princesse est belle à voir), Le dauphin m’a vue, Le dauphin de France Dont le palais d’or A des tours d’ivoire, M’a prise pour femme Dans le palais d’or. Lorsque je fus reine, Reine en mon palais, (Que la reine est belle à voir), Le pape m’a vue En disant la messe Dans l’église d’or Près du consistoire, M’a prise pour femme Dans l’église d’or. Quand je fus papesse, Papesse en l’église, (La papesse est belle à voir), Un ange m’a vue, Un ange qui passe Dans un rayon d’or Pendant l’offertoire, M’a prise pour femme Dans le rayon d’or. Lorsque je fus ange, Ange en un rayon, (Ah! Que l’ange est belle à voir), Dieu le fils m’a vue, Dieu le fils qui brille Sur son trône d’or En habits de gloire, M’a prise pour femme Sur le trône d’or. Quand m’eut épousée Dieu, notre seigneur, (qu’un garçon de ferme est donc bel à voir), J’ai vu sur la terre Jean qui peine et sue Et mêle aux blés d’or Sa tignasse noire; Me veux-tu pour femme, Jean, dans les blés d’or?
Dix Lieds de France
Song Cycle by Louis-Charles-Bonaventure-Alfred Bruneau (1857 - 1934)
1. Noces dans l'or  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Catulle Mendès (1841 - 1909), "Noces dans l'or", written 1892, appears in Lieds de France, no. 17, Paris, Éd. Marpon & Flammarion, first published 1892
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Garrett Medlock) , "Weddings amid the gold", copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
2. Le Diable à Saint‑Jean‑le‑Neuf  [sung text not yet checked]
À Saint-Jean-le-Neuf, (La nuit tonne et vente!) La cloche qui cloche au clocher Clochant danse et hurle, Bon! quelle sarabande! Entre chaque branle (Cloche branle donc!) Je veux boire un broc. Eh! j’ai bu! Qu’attends-tu? Verse donc, ding dong, La belle servante. Au lit du curé (La nuit tonne et vente!) La vieille s’éveille, Crie, pince, mord, fait un sabbat, Bon! de diables en bande, Et vent qu’on la baise (Curé, baise donc!) Pour la rendormir. Eh! j’ai bu! Qu’attends-tu? Verse donc, ding dong, La belle servante. Les gens en grand’ peur (La nuit tonne et vente!) Ouvrent les volets, Sortent des maisons, vont au curé, Bon! veulent qu’il descende Et qu’il exorcise (Exorcise donc!) Le bruit et le vent. Eh! j’ai bu! Qu’attends-tu? Verse donc, ding dong, La belle servante. «Monsieur le curé, (La nuit tonne et vente!) C’est le diable Qui au clocher clochant danse et hurle, Bon! quelle sarabande! Eh! non, bonnes âmes, Rendormez-vous donc! Je l’ai dans mon lit.» Eh! j’ai bu! Qu’attends-tu? Verse donc, ding dong, La belle servante.
Text Authorship:
- by Catulle Mendès (1841 - 1909), "Le Diable à Saint-Jean-le-Neuf", written 1892, appears in Lieds de France, no. 2, Paris, Éd. Marpon & Flammarion, first published 1892
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- ENG English (Garrett Medlock) , "The devil at Saint John the New", copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
3. Les pieds nus  [sung text not yet checked]
Sans bas, cuir ni semelle (Vive ma belle!) Et sans sabots, Je marche depuis l’aube neuve (Marche, vagabond, le jour est si beau!) Sur l’âpre terre du talus, Sur l’âpre terre où le blé lève… La terre aime les pieds nus! Avec de la dentelle (Vive ma belle!) Tout à l’entour, Sur leurs tapis de douce laine. (Marche, vagabond, si clair est le jour!) Les princes font des pas menus Dans des souliers à la poulaine… La terre aime les pieds nus! Celle qui m’est fidèle (Vive ma belle!) Et ne ment pas, Boue et poussière au bas des jambes, (Marche, vagabond, marche et rejoins-là!) Montre de larges pieds mordus Par l’herbe et la ronce des combes… La terre aime tes pieds nus! Comme des tourterelles! (Vive ma belle!) Ou des ramiers, La reine met ses pieds en cage (Marche, vagabond, dans l’air printanier!) En cage sous de fins tissues De fils d’or blanc, de fils d’or rouge… La terre aime les pieds nus. La reine est mortelle (Vive ma belle!) Les rois sont morts. Où sont les souliers et les mules? (Marche, vagabond, marche, tombe et dors.) Dessous la terre, non dessus, Vous n’aurez bas, cuir ni semelle… La terre aime les pieds nus!
Text Authorship:
- by Catulle Mendès (1841 - 1909), written 1892, appears in Lieds de France, no. 8, Paris, Éd. Marpon & Flammarion, first published 1892
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- ENG English (Garrett Medlock) , "Bare feet", copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
4. Les amants fidèles ou Le cierge dans le Paradis  [sung text not yet checked]
Dès le clair du jour, Marion court à l’église. «Où donc est le cierge Que j’offris hier À madame la Vierge Pour qu’elle soit en aide À mon amant sur la mer?» Le vieux saint de bois Répond à Marion: «La colombe blanche A pris en passant Le blanc cierge qui penche Pour en faire un rameau Où mettre son nid tremblant.» Dès le plein midi, Marion on grimpe à l’arbre, Y trouve le cierge Qu’elle offrit hier À madame la Vierge. «Mais où est donc la flamme d’or Qui change en le jour clair?» La colombe de l’arbre Répond à Marion: «Hier soir, un ange A pris en passant La lumière qui change Du cierge pour en faire Une étoile au firmament.» Dès le brun du soir, Marion monte au ciel, Y retrouve, étoile Parmi les élus, La lumière d’or pâle, Et s’y plaît et s’y mêle, Et jamais n’en descend plus. Dès le clair du jour, L’amant court à l’église. «Où est donc la belle À qui j’étais cher Et qui resta fidèle Pendant bien plus D’un an à son amant sur la mer?» Le vieux saint de bois Répond à l’amant: «Après les prières, Dans le frais jardin On l’a couchée en terre Sous un buisson de ronces, De houx et de romarin.» Dès le plein midi, L’amant vient au jardin, Y trouve sa mie Sous les fleurs de boux, Mais elle est morte et blêmie. «Où est donc son âme? Dites, fleurs, le savez-vous?» La fleur du tombeau Répond à l’amant! «Là-haut, elle habite Parmi les élus, L’étoile où palpite La lumière du cierge, Et jamais n’en descend plus.» Dès le brun du soir, L’amant monte au ciel, Y trouve l’étoile, Y voit ses amours, Et dans le clarté pâle, Ils se sont embrassés Et mariés pour toujours.
Text Authorship:
- by Catulle Mendès (1841 - 1909), "Les amants fidèles, où Le cierge dans le Paradis", written 1892, appears in Lieds de France, no. 11, Paris, Éd. Marpon & Flammarion, first published 1892
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- ENG English (Garrett Medlock) , "The faithful lovers, or The altar candle in heaven", copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
5. L'heureux vagabond
Je m'en vais par les chemins, lirelin, et la plaine, Dans mon sac j'ai du pain blanc, lirelan, et trois écus dans ma poche; J'ai dans mon coeur fleuri, (chante, rossignol, chante si je ris!) j'ai dans mon coeur joli, lireli, ma mie! Un pauvre sur le chemin, lirelin, un pauvre homme, m'a demandé mon pain blanc, lirelan. "Pauvre, prends toute la miche! J'ai dans mon coeur fleuri (chante, rossignol, chante si je ris!) j'ai dans mon coeur joli, lireli, ma mie!" Un voleur sur le chemin, lirelin, un voleur dans ma poche m'a volé mes trois écus, lirelu. "Voleur, prends la poche aussi! J'ai dans mon coeur fleuri (chante, rossignol, chante si je ris!) j'ai dans mon coeur joli, lireli, ma mie!" Je m'en vais mourir de faim, lirelin, dans la plaine. Plus de pain blanc ni d'écus, lirelu. Mais qu'importe si, toujours j'ai dans mon coeur pleurant, (chante, rossignol, chante en soupirant!) j'ai dans mon coeur mourant, lirelan, ma mie!
Text Authorship:
- by Catulle Mendès (1841 - 1909), "L'heureux vagabond", written 1892?, appears in Lieds de France, no. 21, Éd. Marpon & Flammarion, first published 1892
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- ENG English (Garrett Medlock) , "L'heureux vagabond", copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
6. Les enfants du Roi Galant  [sung text not yet checked]
Il y avait les deux enfants du roi Galant Qui s’aimaient si tendrement l’un autre! Ils ne pouvaient pas se rejoindre, Parce-que l’eau était trop profonde. «Cher petit homme! si tu savais nager! Ah! essaye de nager vers moi, J’allumerai trois petits cierges, Qui te feront de la lumière.» Il y avait là une espiègle petite nonne, Qui faisait comme si elle dormait; Elle souffla les trois petits cierges… Le cher petit homme se noya. «Ah! ma mère, ma très chère mère! Que ma tête me fait du mal! Ne pourrai-je pas, un tout petit moment, M’aller promener le long du lac? «Oh! ma fille, ma très chère fille! Tu ne dois pas sortir seule; Éveille ta plus jeune soeur, Et qu’elle te fasse compagnie.» «Ah! ma mère, ma très chère mère, Ma soeur est encore une enfant; Elle cueille toutes les roses Qu’il y a dans la verte campagne.» «Oh! ma fille, ma très chère fille! Tu ne dois pas sortir seule; Éveille ton plus jeune frère, Et qu’il te fasse compagnie.» «Ah! ma mère, ma très chère mère, Mon frère est encore un enfant; Il court après tous les lièvres Qu’il y a dans la verte campagne.» Alors la mère s’endormit, Et la fille fit comme elle avait voulu. Elle se promena tant et tant Qu’enfin elle rencontra un pêcheur Elle regarda pêcher la pêcheur: «Pêcheur, pêchemoi un beau bijou doré; Pêchemoi aussi un mort, Pêchemoi le fils du roi Galant.» Le pêcheur pécha tant et tant Qu’enfin il pécha un mort; Il le saisit par les cheveux Et le traîna sur le rivage. Alors elle prit le mort dans ses bras, Et le baisa sur la bouche. «Adieu, mon père et ma mère, Nous ne nous verrons jamais plus!»
Text Authorship:
- by Catulle Mendès (1841 - 1909), "Les enfants du Roi Galant", written 1892, appears in Lieds de France, no. 28, Paris, Éd. Marpon & Flammarion, first published 1892
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- ENG English (Garrett Medlock) , "The children of the Gallant king", copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
7. Le retour du beau soldat  [sung text not yet checked]
Mon amant revient de guerre, (Battez, tambours! et bats, mon coeur!) Revient de guerre tout à l’heure. «Belle, devant le régiment, Le roi m’a fait capitaine, Parce que j’avais pris Quatre drapeaux flottants! Baise donc ma bouche et mes dents! Et viens t’endormir dès ce soir, Dans mon petit lit qui est frais et si blanc… Ce que les filles aiment, beau soldat, C’est la gloire!» Mon amant revient de guerre, (Battez, tambours! et bats, mon coeur!) Revient de guerre tout à l’heure. «Belle, trois mille écus tournois, Le roi me les a donnés, Parce que j’avais pris Quatre drapeaux de soie! Baise donc toute, baisemoi! Et viens t’endormir à l’instant, Dans mon petit lit où je ferai ta joie… Ce que les filles aiment, beau soldat, C’est l’argent!» Mon amant revient de guerre, (Battez, tambours! et bats, mon coeur!) Revient de guerre tout à l’heure. «Belle, d’un sabre bien tranchant, On m’a coupé l’aiguillette, Pendant que je prenais Quatre drapeaux flottants. Fais toi donc moine en un couvent! D’autres dormiront, la nuit ou le jour, Dans mon petit lit qui est frais et si blanc… Ce que les filles aiment, beau soldat, C’est l’amour!»
Text Authorship:
- by Catulle Mendès (1841 - 1909), "Le retour du beau soldat", written 1892, appears in Lieds de France, no. 14, Paris, Éd. Marpon & Flammarion, first published 1892
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Garrett Medlock) , "The return of the handsome soldier", copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
8. Semailles  [sung text not yet checked]
On a mis la graine en terre, Saute donc, la brune, au son de flûtiau! En terre on a mis la graine, Saute donc, la brune, au son de la flûte! En terre, près du ruisseau, Au son de la flûte, au son du flutiau! La graine ressort de terre, Saute donc, la blonde, au son du lourin! De terre ressort la graine, Saute donc, la blonde, au son de la loure! Sera pervenche ou jasmin, Au son de la loure, au son du lourin! On a mis ma mie en terre, Saute donc, la rousse, au son de musiaux! En terre on a mis ma mie, Saute donc, la rousse, au son des musettes! En terre sous un bouleau, Au son des musettes, au son de musiaux! Mais ma mie reste en terre, Sautez toutes au son des violons! En terre reste ma mie, Sautez toutes au son de la viole! Ne refleurira jamais, Au son de la viole, au son des violons!
Text Authorship:
- by Catulle Mendès (1841 - 1909), "Semailles", written 1892, appears in Lieds de France, no. 5, Paris, Éd. Marpon & Flammarion, first published 1892
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- ENG English (Garrett Medlock) , "Sowing", copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
9. Le sabot de frêne  [sung text not yet checked]
Qui remplira mon sabot de frêne, Mon pied nu je lui donnerai, Pour la peine, à baiser. Qui remplira mon joli sabot de frêne? Mais pour remplir mon sabot de frêne, Je ne veux ni paille ni foin, Ni verveine, ni plantain. Qui remplira mon joli sabot de frêne? Le roi dit: «Dans ton sabot de frêne, Je mettrai bien mon sceptre d’or, Ma couronne, plus encore!» Qui remplira mon joli sabot de frêne? Le marchand dit: «Ton sabot de frêne, J’y mettrai cent écus sonnants, Des dentelles en argent!» Qui remplira mon joli sabot de frêne? Jean m’a dit: «Dans ton sabot de frêne, J’ai mis mon coeur constant, Qui tant saigne en t’aimant!» Eh! baise donc, Jean, mon pied nu, Baise le donc, pour la peine!
Text Authorship:
- by Catulle Mendès (1841 - 1909), "Le sabot de frêne", written 1892, appears in Lieds de France, no. 24, Paris, Éd. Marpon & Flammarion, first published 1892
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- ENG English (Garrett Medlock) , "The ash-wood shoe", copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
10. La ronde des petites belles  [sung text not yet checked]
Les petites belles dansent deux par deux, (C’est la rose rouge Qui fleurit aux jardins heureux,) Mais après la danse, où vont elles donc, Deux par deux, les petites belles? Les petites belles dansent trois par trois, (C’est la rose rose Qui fleurit aux sentiers étroits,) Mais après la danse, où vont elles donc, Trois par trois, les petites belles? Les petites belles dansent quatre en rond, (C’est la rose blonde Qui fleurit près des liserons,) Mais après la danse, où vont elles donc, Quatre en rond, les petites belles? Les petites belles s’en vont deux par deux, Vers leur ami tendre, là-bas, Dans les jardins heureux, Mais, dans les jardins, ne l’ont pas trouvé, Deux par deux, les petites belles! Les petites belles s’en vont trois par trois, Vers leur ami tendre, là-bas, Dans les sentiers étroits, Mais, dans les sentiers, ne l’ont pas trouvé, Trois par trois, les petites belles! Les petites belles s’en vont quatre en rond, Vers leur ami tendre, là-bas, Où sont les liserons, Mais, aux liserons, ne l’ont pas trouvé, Quatre en rond, les petites belles! Les petites belles sont en grand souci, (C’est la rose noire Qui fleurit à ces rosiers ci,) Aux branches du tremble se sont bien pendues, Toutes ensemble les petites belles. Les petites belles sont au ciel joli (C’est la rose bleue Qui fleurit dans le paradis,) Et leur ami tendre, l’ont enfin trouvé, Deux par deux, trois par trois, Quatre en rond aussi, les petites belles!
Text Authorship:
- by Catulle Mendès (1841 - 1909), "La ronde des petites belles", written 1892, appears in Lieds de France, no. 31, Paris, Éd. Marpon & Flammarion, first published 1892
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Garrett Medlock) , "The round of the little beauties", copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission