Hier, en voyant une hirondelle Qui nous ramenait le printemps, Je me suis rappelé la belle Qui m'aima quand elle eut le temps. Et pendant toute la journée, Pensif, je suis resté devant Le vieil almanach de l'année Où nous nous sommes aimés tant. Non, ma jeunesse n'est pas morte, Il n'est pas mort ton souvenir ; Et si tu frappais à ma porte, Mon cœur, Musette, irait t'ouvrir. Puisqu'à ton nom toujours il tremble, Muse de l'infidélité, Reviens encor manger ensemble Le pain béni de la gaité. Les meubles de notre chambrette, Ces vieux amis de notre amour, Déjà prennent un air de fête Au seul espoir de ton retour. Viens, tu reconnaîtras, ma chère, Tous ceux qu'en deuil mit ton départ, Le petit lit -- et le grand verre Où tu buvais souvent ma part. Tu remettras la robe blanche Dont tu te parais autrefois, Et comme autrefois, le dimanche, Nous irons courir dans les bois. Assis le soir sous la tonnelle, Nous boirons encor ce vin clair Où ta chanson mouillait son aile Avant de s'envoler dans l'air. Dieu, qui ne garde pas rancune Aux méchants tours que tu m'as faits, Ne refusera pas la lune A nos baisers sous les bosquets. Tu retrouveras la nature Toujours aussi belle, et toujours, Ô ma charmante créature, Prête à sourire à nos amours. Musette qui s'est souvenue, Le carnaval étant fini, Un beau matin est revenue, Oiseau volage, à l'ancien nid ; Mais en embrassant l'infidèle, Mon cœur n'a plus senti d'émoi, Et Musette, qui n'est plus elle, Disait que je n'étais plus moi. Adieu, va-t'en, chère adorée, Bien morte avec l'amour dernier ; Notre jeunesse est enterrée Au fond du vieux calendrier. Ce n'est plus qu'en fouillant la cendre Des beaux jours qu'il a contenus, Qu'un souvenir pourra nous rendre La clef des paradis perdus.
Six mélodies
Song Cycle by Émile Bourgeois (1849 - 1922)
1. Chanson de Musette  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Louis-Henri Murger (1822 - 1861), "La Chanson de Musette", written 1850, appears in Les Nuits d'hiver, in 1. Les Amoureux, no. 7
See other settings of this text.
Confirmed with Henry Murger, Poésies complètes: Les Nuits d'Hiver, Troisième Édition, Paris, Michel Lévy Frères, 1862, pages 34-38.First published 1852 with no title in La vie de Bohème, Paris, Éd. Michel Lévy Frères, chapter 23, "La jeunesse n'a qu'un temps", page 415. Titled "La Chanson de Musette" in Les Nuits d'Hiver
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
2. Voici l'Avril  [sung text not yet checked]
Zanetto, chantant dans le lointain Mignonne, voici l'Avril ! Le soleil revient d'exil ; Tous le nids sont en querelles; L'air est pur, le ciel léger, Et partout on voit neiger Des plumes de tourterelles. Prends, pour que nous nous trouvions, Le chemin des papillons Et des frêles demoiselles; Viens, car tu sais qu'on t'attend Sous le bois, près de l'étang Où vont boire les gazelles !
Text Authorship:
- by François Coppée (1842 - 1908), no title, appears in Le Passant, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1870
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Garrett Medlock) , copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
3. Bonjour Suzon  [sung text not yet checked]
Bonjour Suzon, ma fleur des bois ! Es-tu toujours la plus jolie ? Je reviens, tel que tu me vois, D'un [grand]1 voyage en Italie, Du paradis j'ai fait le tour ; J'ai fait des vers, [j'ai fait]2 l'amour. Mais que t'importe ? Je passe devant ta maison ; Ouvre ta porte. Bonjour, Suzon ! Je t'ai vue au temps des lilas. Ton cœur joyeux venait d'éclore. Et tu disais : "je ne veux pas, Je ne veux pas qu'on m'aime encore." Qu'as-tu fait depuis mon départ ? Qui part trop tôt revient trop tard. Mais que m'importe ? Je passe devant ta maison ; Ouvre ta porte. Bonjour, Suzon !
Text Authorship:
- by Louis Charles Alfred de Musset (1810 - 1857), "Chanson: Bonjour Suzon", written 1844, appears in Poésies posthumes, first published 1860
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Michael P Rosewall) , copyright © 2015, (re)printed on this website with kind permission
1 Garnier: "long" 2 Pessard: "chanté"
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Johann Winkler
4. Reviens, ma bien‑aimée  [sung text not yet checked]
Reviens, reviens, ma bien-aimée ! Comme une fleur loin du soleil, La fleur de ma vie est fermée, Loin de ton sourire vermeil. Entre nos cœurs [tant de]1 distance ; [Tant]2 d'espace entre nos baisers. Ô sort amer ! ô dure absence ! Ô grands désirs inapaisés ! D'ici là-bas que de campagnes, Que de villes et de hameaux, Que de vallons et de montagnes, À lasser le pied des chevaux ! Au pays qui me prend ma belle, Hélas ! si je pouvais aller ; Et si mon corps avait une aile Comme mon âme pour voler ! Par-dessus [les]3 vertes collines, Les montagnes au front d'azur, Les champs rayés et les ravines, J'irais d'un vol rapide et sûr. Le corps ne suit pas la pensée; Pour moi, mon âme, va tout droit, Comme une colombe blessée, [T'abattre]4 au rebord de son toit. Descends dans sa gorge divine, Blonde et fauve comme de l'or, Douce comme un duvet d'hermine, Sa gorge, mon royal trésor ; [Et]5 dis, mon âme, à cette belle : [« Tu sais bien qu'il compte les jours ! Ô ma colombe ! à tire d'aile, Retourne au nid de nos amours. »]6
Text Authorship:
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "Absence", written 1838, appears in La Comédie de la Mort, Paris, Éd. Desessart, first published 1838
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English [singable] (Samuel Byrne) , "Absence"
- ENG English (Emily Ezust) , copyright © 2015
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , copyright © 2010, (re)printed on this website with kind permission
- ITA Italian (Italiano) (Enrico Magnani) , "Assenza", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Théophile Gauthier, La comédie de la mort, Desessart editeur, Paris, 1838, page 283.
1 Berlioz: "quelle"2 David: "Que"
3 Bizet, Lavigne: "nos"
4 Berlioz, Pedrell: "S'abbatre"
5 David: "Ah !"
6 Lavigne:
« Ô ma colombe ! à tire d'aile, Retourne au nid de nos amours. Tu sais bien qu'il compte les jours ! »
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Pierre Mathé [Guest Editor]
5. Le chien du braconnier  [sung text not yet checked]
Pour fortune sur cette terre, Où Dieu m'a fait naître sans bien. J'ai le fusil de feu mon père, Pour ami je n'ai que mon chien : Je l'ai choisi dans la portée, Comme il venait d'être mis bas, Et pour lui faire la pâtée Souvent j'ai rogné mon repas. Au marais, en plaine, en forêt, Bon à courre et ferme à l'arrêt, Il quête, haut le nez dans la brise ; Quand le coup part la pièce est prise. Il est aussi bon qu'il est beau, Mon Ramoneau. C'est Ramoneau que je l'appelle, Et pour le vendre on m'offrirait De l'or trois fois plein son écuelle, Que je dirais : « Non, » sans regret ; Car depuis vingt ans que je chasse, Par pluie, ou vent, ou plein soleil, J'ai dressé bien des chiens de race Sans jamais trouver son pareil. Griffon pur à tête superbe, Où dans le poil le regard luit Tel que le ver luisant sous l'herbe, Il est tout noir comme la nuit ; Et les limiers de vénerie Qu'on estampille sur le flanc D'un chiffre ou bien d'une armoirie Ne sont pas nés d'un meilleur sang. C'est un rude et madré compère : Quand nous maraudons dans un bois, S'il entend le propriétaire, Il me l'annonce par la voix ; Et pour ne point donner l'alarme Lorsqu'il évente un fin gibier, Il est prudent comme un gendarme Qui veut surprendre un braconnier. Quand il a bien fourni sa tâche, Et qu'au foyer, brisé, rendu, Secouant sa queue en panache, Il sommeille, long-étendu, Croyant toujours mener le lièvre, Il aboie intérieurement Avec des mouvements de fièvre, De petits sursauts en dormant. Ses dents ne lui marquent plus d'âge ; Aussi vieux que le temps jadis, La vieillesse a sur son pelage Imprimé des chevrons blanchis ; Mais il a toujours bonne gueule, Et, lorsque revient le printemps, Autour de sa vieille épagneule Il rôde encor de temps en temps. Homme ou chien, ici-bas tout passe : Ramoneau n'a plus le nez fin, Son œil s'éteint, sa voix se casse ; Mais les vrais chiens n'ont pas de fin... Dieu là-haut leur garde un bon gîte, Frais en été, chaud dans l'hiver, Au paradis des chiens d'élite, Dans la meute de saint Hubert. Au marais, en plaine, en forêt, Bon à courre et ferme à l'arrêt, Il quête, haut le nez dans la brise ; Quand le coup part, la pièce est prise. Il est aussi bon qu'il est beau, Mon Ramoneau.
Text Authorship:
- by Louis-Henri Murger (1822 - 1861), "Le chien du braconnier", written 1859, appears in Les Nuits d'hiver, in 2. Chansons rustiques, no. 6, Paris, Éd. Michel Lévy frères, first published 1861
See other settings of this text.
Confirmed with Henry Murger, Les Nuits d'Hiver: Poésies complètes, Paris, Michel Lévy Frères, 1861, pages 75-79.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
6. Si tu voulais
Si tu voulais me donner ton cœur, ô mon ange
. . . . . . . . . .
— The rest of this text is not
currently in the database but will be
added as soon as we obtain it. —