Je porte mon amour, 
muet, avec bonheur,
Dans mon cœur et mon esprit 
avec moi partout.
Oui, que je t'ai trouvée, 
chère enfant,
Cela me réjouit tous les jours, 
et que cela me soit accordé.

Et même si le ciel est maussade 
et la nuit noire comme le charbon,
la splendeur brillante comme l'or 
de mon amour éclaire brillamment.
Et même si le monde repose dans le péché, 
et que cela me fasse mal,
Les méchants doivent perdre la vue 
devant la neige de ton innocence.

J'allais au long d'un chemin reculé
Que chaque jour j'empruntais, toujours seul.
La lande était silencieuse, les champs déserts ;
Seul le vent soufflait autour de moi dans les haies.

Devant moi la route s'étirait au loin ;
Mon cœur se languissait de toi, que de toi.
Et si tu arrivais, ce serais pour moi un miracle,
Je m'inclinerais devant toi : je t'aime.

Et dans dans cette rencontre juste un seul regard
Scellerait la destinée de toute ma vie.
Et si tes yeux me jetaient un regard froid,
Je te tiendrais tête, jeune fille : je t'aime.

Mais si tes beaux yeux m'adressaient un sourire,
Ce serait comme le soleil au milieu de la nuit,
Je serrerais vite ton doux cœur contre moi
Et je te chuchoterais doucement : je t'aime.

Béni soit le jour où tu es née,
Béni soit celui où je te vis pour la première fois !
Perdu dans l'éclat de tes yeux,
Je suis là, bienheureux rêveur.

Le ciel me semble s'ouvrir,
Je ne pressens que de loin,
Et il m'est permis d'y voir un soleil
Que mon désir appelle.

Comme mon image est belle dans ce regard !
Comme mon bonheur est grand dans ce regard !
Et en criant j'implore le destin :
« Ô reste, reste et ne change pas ! »

Ô doux mois de Mai, oh aie pitié,
Ô doux mois de Mai, je te prie avec ferveur,
Sur ton sein je vois les prairies se réchauffer,
Et se gonfler tout ce qui vit sous ton charme,
Toi qui es si infiniment doux et plein de grâces
Ô mois de Mai adoré, accorde-moi tes dons !

Le pèlerin sombre qui dans cette région
Échappé au souffle glacé des heures hivernales
A choisi une jeune fille aussi douce que toi à regarder
Aussi fraîche que le printemps que toi dans une chaste magnificence.
Pour que nous puissions nous aimer et nous embrasser,
Aie pitié, Mai, le plus adorable et béni, aie pitié !

Le clair de lune a déjà pâli
la sombre nuit se glisse au loin ;
lève-toi, noble rougeoiement du matin,
en toi réside toute ma confiance.

Phébus, son héraut adorné
a déjà attelé son char,
les chevaux du soleil sont accouplés,
les rênes reposent en ses mains.

Ton autre héraut, Don Lucifer,
plane déjà dans le ciel,
il a ouvert les nuages,
arrosé la terre de sa rosée.

Ô passez devant sa petite chambre,
réveillez doucement ma tendre bien-aimée ?
rapportez-lui ce que je vous dis :
mon obligeance, mon salut et un bonjour.

Mais il vous faut la réveiller très pudiquement,
en lui révélant mon secret amour,
vous devrez lui dire comment son serviteur veille
toute la nuit , le cœur plein de chagrin.

Regardez pour moi ses blonds cheveux,
son petit cou dénudé,ses yeux clairs,
embrassez pour moi sa bouche rouge,
et, si elle le permet, ses petits seins potelés.