Deux cortèges se sont rencontrés à l’église. L’un est morne : — il conduit le cercueil d’un enfant ; Une femme le suit, presque folle, étouffant Dans sa poitrine en feu le sanglot qui la brise. L’autre, c’est un baptême ! — au bras qui le défend Un nourrisson gazouille une note indécise ; Sa mère, lui tendant le doux sein qu’il épuise, L’embrasse tout entier d’un regard triomphant ! On baptise, on absout, et le temple se vide. Les deux femmes, alors, se croisant sous l’abside, Échangent un coup d’œil aussitôt détourné ; Et — merveilleux retour qu’inspire la prière — La jeune mère pleure en regardant la bière, La femme qui pleurait sourit au nouveau-né !
Dix Mélodies pour chant et piano , opus 12
by Mathieu Crickboom (1871 - 1947)
Translations available for the entire opus: ENG
1. Les deux cortèges  [sung text checked 1 time]
Text Authorship:
- by Joséphin Soulary (1815 - 1891), "Les deux cortèges", appears in Œuvres poétiques en 2 volumes, in 1. Sonnets 1847-1871, in 7. Papillons noirs, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1880
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- ENG English (Peter Low) , "The two processions", copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Œuvres poétiques de Joséphin Soulary, Alphonse Lemerre, éditeur, no date, page 177 (first part).
2. Solitude  [sung text checked 1 time]
A quoi donc penses-tu, ô pauvre inconsolé Dont la vie est si morne et le destin si triste? Pourquoi donc t’attendrir avec un Cœur d’artiste Devant l’aube naissante et l’océan voilé? Tu contemples la mer où le soleil se lève Et, le chant des marins enivrant ton cerveau, Il te semble voguer vers un pays nouveau Où tout a la douceur et la beauté du rêve.
Text Authorship:
- by Víctor Orban (1868 - 1946)
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- ENG English (Peter Low) , "Solitude", copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
3. Crépuscule  [sung text checked 1 time]
Enfin voici le soir charmant paisible et bleu, Celui qui réconforte et qui console un peu. Parmi l’air immobile un parfum très léger Se répand tout à coup et semble voltiger: Ou dirait une odeur d’oliban et de roses Qui trouble et puis endort les êtres et les choses. Et partout il se fait un grand recueillement Le jour pesant d’ennui se meurt si lentement Qu’on est las d’espérer le lever de la lune. C’est une heure bien douce et je n’en sais aucune Qui nous pénètre autant de grandeur, de bonté, Et de tendre pitié pour notre humanité.
Text Authorship:
- by Víctor Orban (1868 - 1946)
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- ENG English (Peter Low) , "Dusk", copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
4. Les Roses de Saadi  [sung text checked 1 time]
J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes, Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir. Les nœuds ont éclaté : les roses envolées, Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées : Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir. La vague en a paru rouge et comme enflammée : Ce soir, [ma]1 robe encore en est tout embaumée. [Respirez-en]2 sur moi l'odorant souvenir.
Text Authorship:
- by Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859), "Les roses de Saâdi", written 1848, appears in Poésies inédites [1860]
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
1 Canal: "ta"
2 Canal, Covatti-Dussaut, Crickboom: "Respires-en"
5. Là‑bas  [sung text checked 1 time]
Là-bas, sur la mer, La lune se lève Dans le lointain clair Et va, comme un rêve. La lune se lève... La lune s'en va... Oh ! regardons-la ! Vers une autre grève Emportant mon rêve, La lune s'en va, La lune se lève... La lune s'en va... Notre vie est brève [Tout part, tout s’enfuit.]1 Dans la mer, la nuit, S'en va notre rêve... La lune se lève... La lune s'en va...
Text Authorship:
- by Jacques Clary Jean Normand (1848 - 1931), as Jacques Madeleine, "Là-bas", appears in Brunettes, ou Petits airs tendres, Paris, Éd. Léon Vanier, p. 31, first published 1892
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Gérard Walch, Anthologie des poètes français contemporains, Ch. Delagrave, éditeur ; A.-W. Sijthoff, éditeur, Tome deuxième, 1906, page 182.
1 Bloch: "Comme ce qui luit :"6. Sur la falaise  [sung text checked 1 time]
Les papillons bleus, les papillons blancs, Sur les prés mouillés et les blés tremblants, Vont battant des ailes. C'est sous le soleil un frémissement Qui fait s'incliner les fleurs doucement Sur leurs tiges frêles. Contre les rochers, avec des sanglots, En bas, l’Océan vient briser ses flots Brodés d’étincelles. Là-haut, sans souci des flots onduleux, Les papillons blancs, les papillons bleus Vont battant des ailes.
Text Authorship:
- by Paul Bourget (1852 - 1935), "Sur la falaise"
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- ENG English (Peter Low) , "On the clifftop", copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
7. Ô triste était mon âme  [sung text checked 1 time]
Ô triste, triste était mon âme À cause, à cause d'une femme. Je ne me suis pas consolé Bien que mon cœur s'en soit allé. Bien que mon cœur, bien que mon âme Eussent fui loin de cette femme. Je ne me suis pas consolé, Bien que mon cœur s'en soit allé. Et mon cœur, mon cœur trop sensible Dit à mon âme : Est-il possible, Est-il possible, -- le fût-il, -- Ce fier exil, ce triste exil ? Mon âme dit à mon cœur : Sais-je Moi-même, que nous veut ce piège D'être présents bien qu'exilés, Encore que loin en allés ?
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, written 1874, appears in Romances sans paroles, in Ariettes oubliées, no. 7, Sens, Typographie de Maurice L'Hermite, first published 1874
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- ENG English (Laura L. Nagle) , "Oh, sad, sad was my heart", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Amy Pfrimmer) , copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Pierre Mathé) , "O traurig, traurig war meine Seele", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
8. Le Seigneur a dit  [sung text checked 1 time]
Le Seigneur a dit à son enfant: Va, par le clair jardin innocent Des anges, où brillent les pommes Et les roses. Il est à toi. C'est ton royaume. Mais ne cueille des choses Que la fleur ; Laisse le fruit aux branches, N'approfondis pas le bonheur. Ne cherche pas à connaître Le secret de la terre Et l'énigme des êtres. N'écoute pas la voix qui t'attire Au fond de l'ombre, la voix qui tente, La voix du serpent, ou la voix des sirènes, Ou celle des colombes ardentes Aux bosquets sombres de l'Amour. Reste ignorante, Ne pense pas ; chante. Tout science est vaine, N'aime que la beauté. Et qu'elle soit pour toi toute la vérité.
Text Authorship:
- by Charles van Lerberghe (1861 - 1907), no title, appears in La Chanson d'Ève, in 1. Premières paroles, no. 7, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1904
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Charles Van Lerberghe, La Chanson d’Ève, Paris, Société du Mercure de France, 1904 (2e éd.), pages 29-30.
9. Roses ardentes [sung text checked 1 time]
Note: this is a multi-text setting
Roses ardentes
Dans l'immobile nuit,
C'est en vous que je chante
Et que je suis.
En vous, étincelles,
À la cime des bois,
Que je suis éternelle
Et que je vois.
Ô mer profonde,
C'est en toi que mon sang
Renaît vague blonde,
En flot dansant.
[ ... ]
Text Authorship:
- by Charles van Lerberghe (1861 - 1907), no title, written 1903, appears in La Chanson d'Ève, in 1. Premières paroles, no. 5, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1904
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- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- DUT Dutch (Nederlands) (Pieter van der Woel) , "Vurige rozen", copyright © 2009, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Peter Low) , no title, copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Flammende Rosen", copyright © 2015, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Charles Van Lerberghe, La Chanson d’Ève, Société du Mercure de France, 1904, 2e éd., pages 25-26.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
Comme elle chante
Dans ma voix,
L'âme longtemps murmurante
Des fontaines et des bois !
Air limpide du paradis,
Avec tes grappes de rubis,
Avec tes gerbes de lumière,
Avec tes roses et tes fruits ;
Quelle merveille en nous à cette heure !
Des paroles depuis des âges endormies
En des sons, en des fleurs.
Sur mes lèvres enfin prennent vie.
[ ... ]
Text Authorship:
- by Charles van Lerberghe (1861 - 1907), no title, written 1903, appears in La Chanson d'Ève, in 1. Premières paroles, no. 6, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1904
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- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , "Primeres paraules", copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- DUT Dutch (Nederlands) (Pieter van der Woel) , "De eerste woorden", copyright © 2009, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Peter Low) , "First words", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Erste Worte", copyright © 2015, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Charles Van Lerberghe, La Chanson d’Ève, Société du Mercure de France, 1904, 2e éd., pages 27-28.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
[ ... ]
Et c'est en toi, force suprême,
Soleil radieux,
Que mon âme elle-même
Atteint son dieu !
Text Authorship:
- by Charles van Lerberghe (1861 - 1907), no title, written 1903, appears in La Chanson d'Ève, in 1. Premières paroles, no. 5, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1904
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- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- DUT Dutch (Nederlands) (Pieter van der Woel) , "Vurige rozen", copyright © 2009, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Peter Low) , no title, copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Flammende Rosen", copyright © 2015, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Charles Van Lerberghe, La Chanson d’Ève, Société du Mercure de France, 1904, 2e éd., pages 25-26.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
10. Les Grotesques  [sung text checked 1 time]
Leurs jambes pour toutes montures, Pour tous biens l'or de leurs regards, Par le chemin des aventures Ils vont haillonneux et hagards. Le sage, indigné, les harangue ; Le sot plaint ces fous hasardeux ; Les enfants leur tirent la langue Et les filles se moquent d'eux. C'est qu'odieux et ridicules, Et maléfiques en effet, Ils ont l'air, sur les crépuscules, D'un mauvais rêve que l'on fait ; C'est que, sur leurs aigres guitares Crispant la main des libertés, Ils nasillent des chants bizarres, Nostalgiques et révoltés ; C'est enfin que dans leurs prunelles Rit et pleure — fastidieux — L'amour des choses éternelles, Des vieux morts et des anciens dieux ! — Donc, allez, vagabonds sans trêves, Errez, funestes et maudits, Le long des gouffres et des grèves, Sous l'œil fermé des paradis ! La nature à l'homme s'allie Pour châtier comme il le faut L'orgueilleuse mélancolie Qui vous fait marcher le front haut, Et, vengeant sur vous le blasphème Des vastes espoirs véhéments, Meurtrit votre front anathème Au choc rude des éléments. Les juins brûlent et les décembres Gèlent votre chair jusqu'aux os, Et la fièvre envahit vos membres Qui se déchirent aux roseaux. Tout vous repousse et tout vous navre, Et quand la mort viendra pour vous, Maigre et froide, votre cadavre Sera dédaigné par les loups !
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Grotesques", appears in Poèmes saturniens, in 2. Eaux-fortes, no. 5, Paris, Alphonse Lemerre, first published 1866
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Bergen Weeks Applegate) , "Grotesques", appears in Poems Saturnine, in 2. Etchings, no. 5
Confirmed with Paul Verlaine, Poëmes saturniens, Paris: Alphonse Lemerre, 1866, pages 40-43.