Diane estant en l'espesseur d'un bois, Apres auoir mainte beste assenee. Prenait le frais, de Nynfes couronnée : I'allois resuant comme fay maintefois, Sans y penser : quand i'ouy une vois, Qui m'apela, disant, Nynfe estonnee, Que ne t'es tu vers Diane tournee ? Et me voyant sans arc & sans carquois, Qu'as tu trouué, ô compagne, en ta voye, Qui de ton arc & flesches ait fait proye ? Ie m'animay, respons ie, à un passant. Et lui getay en vain toutes mes flesches Et l'arc après : mais lui les ramassant Et les tirant me fit cent & cent bresches.
Six sonnets de L. Labé
by Henri-Pierre Poupard (1901 - 1989), as Henri Sauguet
1. Chasse  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Louise Labé (1526 - 1566), no title, written 1552, appears in Sonnets, no. 19
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Rainer Maria Rilke) , no title, appears in Die vierundzwanzig Sonette der Louize Labé, Lyoneserin : 1555, no. 19, Leipzig, Insel-Verlag, first published 1917
Confirmed with Œuvres de Louise Labé, texte établi par Charles Boy, Paris, Alphonse Lemerre, 1887, page 104.
Modernized spelling version:
Diane étant en l'épaisseur d'un bois, Après avoir mainte bête assénée, Prenait le frais, de Nymphes couronnée. J'allais rêvant, comme fais mainte fois, Sans y penser, quand j'ouïs une voix Qui m'appela, disant : Nymphe étonnée, Que ne t'es-tu vers Diane tournée ? Et, me voyant sans arc et sans carquois : Qu'as-tu trouvé, ô compagne, en ta voie, Qui de ton arc et flèches ait fait proie ? - Je m'animai, réponds-je, à un passant, Et lui jetai en vain toutes mes flèches Et l'arc après ; mais lui, les ramassant Et les tirant, me fit cent et cent brèches.
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2. À Vénus  [sung text not yet checked]
Clere Venus, qui erres par les Cieus, Entens ma voix qui en pleins chantera, Tant que ta face au haut du Ciel luira, Son long travail et souci ennuieus. Mon œil veillant s’atendrira bien mieus, Et plus de pleurs te voyant gettera. Mieus mon lit mol de larmes baignera, De ses travaus voyant témoins tes yeus. Donq des humains sont les lassez esprits De dous repos et de sommeil espris. I’endure mal tant que le Soleil luit : Et quand ie suis quasi toute cassee, Et que me fuis mise en mon lit lassee, Crier me faut mon mal toute la nuit.
Text Authorship:
- by Louise Labé (1526 - 1566), no title, written 1552, appears in Sonnets, no. 5
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Œuvres de Louise Labé, texte établi par Charles Boy, Paris, Alphonse Lemerre, 1887, pages 95-96.
Modernized form of text:
Claire Vénus, qui erres par les Cieux, Entends ma voix qui en plaints chantera, Tant que ta face au haut du Ciel luira, Son long travail et souci ennuyeux. Mon œil veillant s'attendrira bien mieux, Et plus de pleurs te voyant jettera. Mieux mon lit mol de larmes baignera, De ses travaux voyant témoins tes yeux. Donc des humains sont les lassés esprits De doux repos et de sommeil épris. J'endure mal tant que le Soleil luit ; Et quand je suis quasi toute cassée, Et que me suis mise en mon lit lassée, Crier me faut mon mal toute la nuit.
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3. Songe  [sung text not yet checked]
Tout aussi tot que ie commence à prendre Dens le mol lit le repos desiré, Mon triste esprit hors de moy retiré S'en va vers toy incontinent se rendre. Lors m'est auis que dedens mon sein tendre Ie tiens le bien, ou i'ay tant aspiré. Et pour lequel i'ay si haut souspire, Que de fanglots ay souuent cuidé fendre. Ô dous sommeil, ô nuit à moy heureuse ! Plaisant repos, plein de tranquilité, Continuez toutes les nuiz mon songe : Et si iamais ma poure ame amoureuse Ne doit auoir de bien en vérité. Faites au moins qu'elle en ait en mensonge.
Text Authorship:
- by Louise Labé (1526 - 1566), no title, written 1552, appears in Sonnets, no. 9
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Rainer Maria Rilke) , appears in Die vierundzwanzig Sonette der Louize Labé, Lyoneserin : 1555, no. 9
Confirmed with Œuvres de Louise Labé, texte établi par Charles Boy, Paris, Alphonse Lemerre, 1887, page 98.
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4. Amour  [sung text not yet checked]
Predit me fut, que deuois fermement Vn iour aymer celui dont la figure Me fut descrite ; & sans autre peinture Le reconnu quand vy premierement : Puis le voyant aymer fatalement, Pitié ie pris de sa triste auenture : Et tellement ie forcay ma nature. Qu'autant que lui aymay ardentement. Qui n'ust pensé qu'en faueur deuoit croître Ce que le Ciel & destins firent naitre ? Mais quand ie voy si nubileus aprets, Vents si cruels & tant horrible orage : Ie croy qu'estoient les infernaus arrets. Qui de si loin m'ourdissoient ce naufrage.
Text Authorship:
- by Louise Labé (1526 - 1566), no title, written 1552, appears in Sonnets, no. 20
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Rainer Maria Rilke) , no title, appears in Die vierundzwanzig Sonette der Louize Labé, Lyoneserin : 1555, no. 20, Leipzig, Insel-Verlag, first published 1917
Confirmed with Œuvres de Louise Labé, texte établi par Charles Boy, Paris, Alphonse Lemerre, 1887, pages 104-105. Note: there is debate over whether the fifth word is "devoit", "devois", or "devait". Each can be found in published editions.
Modernized spelling version:
Predit me fut, que devoit fermement Un jour aymer celui dont la figure Me fut descrite : et sans autre peinture Le reconnu quand vy premierement : Puis le voyant aymer fatalement, Pitié je pris de sa triste aventure : Et tellement je forçay ma nature, Qu'autant que lui aymay ardentement. Qui n'ust pensé qu'en faveur devoit croitre Ce que le Ciel et destins firent naitre ? Mais quand je voy si nubileus aprets, Vents si cruels et tant horrible orage : Je croy qu'estoient les infernaus arrets, Qui de si loin m'ourdissoient ce naufrage.
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5. Printemps  [sung text not yet checked]
Pour le retour du Soleil honorer, Le Zephir, l'air serein lui apareille : Et du sommeil l'eau & la terre esueille, Qui les gardoit l'une de murmurer En dous coulant, l'autre de se parer De mainte fleur de couleur nompareille. Ia les oiseaus es arbres font merueille, Et aus passans font l'ennui moderer : Les Nynfes ia en mile ieus s'esbatent Au cler de Lune, & dansans l'herbe abatent : Veut tu Zephir de ton heur me donner, Et que par toy toute me renouuelle ? Fay mon Soleil deuers moy retourner. Et tu verras s'il ne me rend plus belle.
Text Authorship:
- by Louise Labé (1526 - 1566), no title, written 1552, appears in Sonnets, no. 15
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Œuvres de Louise Labé, texte établi par Charles Boy, Paris, Alphonse Lemerre, 1887, pages 101-102.
Modernized version:
Pour honorer le retour du Soleil, le Zéphir lui prépare l'air serein : et il éveille l'eau et la terre du sommeil, qui les gardait l'une de murmurer, en coulant doux, I'autre de se parer de mainte fleur de couleur sans-pareille. Déjà les oiseaux dans les arbres font merveille, et apaisent la souffrance des passants : Les Nymphes s'ébattent déjà en mille jeux au clair de Lune, et écrasent l'herbe en dansant : veux-tu, Zéphir, me donner de ton bonheur, pour que je sois par toi toute renouvelée ? Fais revenir mon Soleil vers moi, et tu verras s'il ne me rend pas plus belle.
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6. Tant que mes yeux  [sung text not yet checked]
Tant que mes yeus pourront larmes espandre, À l'heur passé auec toy regretter : Et qu'aus sanglots & soupirs resister Pourra ma voix, & un peu faire entendre : Tant que ma main pourra les cordes tendre Du mignart Lut, pour tes grâces chanter : Tant que l'esprit se voudra contenter De ne vouloir rien fors que toy comprendre : Ie ne souhaitte encore point mourir. Mais quand mes yeus ie sentiray tarir, Ma voix cassee, & ma main impuissante, Et mon esprit en ce mortel seiour Ne pouuant plus montrer signe d'amante : Priray la Mort noircir mon plus cler iour.
Text Authorship:
- by Louise Labé (1526 - 1566), written 1552, appears in Sonnets, no. 14
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- ENG English (Peter Low) , no title, copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Rainer Maria Rilke) , no title, appears in Die vierundzwanzig Sonette der Louize Labé, Lyoneserin : 1555, no. 14, Leipzig, Insel-Verlag, first published 1917
Confirmed with Œuvres de Louise Labé, texte établi par Charles Boy, Paris, Alphonse Lemerre, 1887, page 101.
Modernized form of text:
Tant que mes yeux pourront larmes épandre A l'heur passé avec toi regretter, Et qu'aux sanglots et soupirs résister Pourra ma voix, et un peu faire entendre ; Tant que ma main pourra les cordes tendre Du mignard luth, pour tes grâces chanter ; Tant que l'esprit se voudra contenter De ne vouloir rien fors que toi comprendre, Je ne souhaite encore point mourir. Mais, quand mes yeux je sentirai tarir, Ma voix cassée, et ma main impuissante, Et mon esprit en ce mortel séjour Ne pouvant plus montrer signe d'amante, Prierai la mort noircir mon plus clair jour.
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