Sur le balcon où tu te penches Je veux monter... efforts perdus ! Il est trop haut, et tes mains blanches N'atteignent pas mes bras tendus. Pour déjouer ta duègne avare, Jette [un collier, un ruban]1 d'or ; Ou des cordes de ta guitare Tresse une échelle, ou bien encor... Ôte tes fleurs, défais ton peigne, Penche sur moi tes cheveux longs, Torrent de jais dont le flot baigne Ta jambe ronde et tes talons. Aidé par cette échelle étrange, Légèrement je gravirai, Et jusqu'au ciel, sans être un ange, Dans les parfums je monterai !
Scènes et Mélodies
Song Cycle by Martial Caillebotte (1853 - 1910)
1. Sérénade  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "Sérénade", written 1841, appears in España, first published 1845
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- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Žebřík lásky"
- ENG English (Barbara Miller) , "Serenade", copyright © 2004, (re)printed on this website with kind permission
1 Viardot-García : "un ruban, un collier"
Researcher for this page: John Versmoren
2. Mignonne, allons voir si la rose  [sung text not yet checked]
Mignonn', allon voir si la rose Qui ce matin avoit declose Sa robe de pourpr' au soleil, A point perdu, cette vesprée, Le plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las, voyés comm' en peu d'espace, Mignonn', ell' a dessus la place, Las, las, ses beautés laissé cheoir! Ô vrayement maratre nature, Puis qu'une telle fleur ne dure, Que du matin jusques au soir! Donc, si vous me croiés, mignonne: Tandis que vostr' age fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillés, cueillés vostre jeunesse, Comm' à cette fleur, la viellesse Fera ternir vostre beauté.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "À Cassandre"
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- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Faith J. Cormier) , no title, copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
Modernized version used by Chaminade, Manduell, Wagner:
Mignonne, allons voir si la rose, Qui ce matin avait desclose Sa robe de pourpre au soleil, N'a point perdu cette vesprée Les plis de sa robe pourprée Et son teint au vôtre pareil. Las! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a, dessus la place, Las! Las! ses beautés laissé cheoir! Ô vraiment marâtre nature, Puisqu'une telle fleur ne dure, Que du matin jusques au soir! [Or donc, écoutez-moi,]1 Mignonne, Tandis que votre âge fleuronne [En]2 sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse: [Comme à cette fleur la vieillesse Fera ternir votre beauté.]31 Chaminade, Manduell: "Donc, si vous m'en croyez"
2 Chaminade: "Dans"
3 Manduell: "Comme à ceste fleur la vieillesse/ Fera ternir vostre beauté."
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3. Chanson  [sung text not yet checked]
Ayant le dos au feu et le ventre à la table, Etant parmi les pots pleins de vin délectable, Ainsi comme un poulet Je ne me laisserai mourir de la pépie, Quand en devrais avoir la face cramoisie Et le nez violet. Quand mon nez deviendra la couleur rouge ou perse, Porterai les couleurs que chérit ma mîitresse : Le vin rend le teint beau ! Vaut-il pas mieux avoir la couleur rouge et vive, Riche de beaux rubis, que si pâle et chétive, Ainsi qu'un buveur d'eau ? On m'a défendu l'eau, du moins en beuverie, De peur que je ne tombe en une hydropisie ; Je me perds, si j'en bois. En l'eau n'y a saveur ; prendrai je pour breuvage Ce qui n'a point de goût ? mon voisin, qui est sage, Ne le fait que je crois. Qui aime bien le vin est de bonne nature. Les morts ne boivent plus dedans la sépulture. Hé ! qui sait s'il vivra Peut-être encor demain ? chassons mélancolie. Je vas boire d'autant à cette compagnie : Sauve, qui m'aimera !
Text Authorship:
- by Olivier Basselin (flourished 15th century), "Insipidité de l'eau"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Sonnet  [sung text not yet checked]
[Mon âme]1 a son secret, [ma vie]2 a son mystère : Un amour éternel en un moment conçu. Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire, Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su. Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu, Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire, Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre, N'osant rien demander et n'ayant rien reçu. Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre, Elle ira son chemin, distraite, et sans entendre [Ce murmure d'amour élevé sur ses pas ;]3 À l'austère devoir pieusement fidèle, Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle : « Quelle est donc cette femme ? » et ne comprendra pas.
Text Authorship:
- by Félix Arvers (1806 - 1850), "Sonnet imité de l'italien", written 1833, appears in Mes heures perdues, Poésies, Paris, Éd. Fournier jeune, first published 1833
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
1 Lemariey: "Mon cœur"; Thomé, Van Straten: "Ma vie"
2 Lemariey, Van Straten: "mon âme" (further changes may exist but are not shown above) ; Widor: "mon cœur"
3 Widor: "Ce cœur vibrant d'amour enchaîné sur ses pas !"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
5. Le nuage  [sung text not yet checked]
Dans son jardin la sultane se baigne, Elle a quitté son dernier vêtement ; Et délivrés des morsures du peigne, Ses grands cheveux baisent son dos charmant. Par son vitrail le sultan la regarde, Et caressant sa barbe avec sa main, Il dit : « L'eunuque en sa tour fait la garde, Et nul, hors moi, ne la voit dans son bain. « -- Moi, je la vois, lui répond, chose étrange ! Sur l'arc du ciel un nuage accoudé ; Je vois son sein vermeil comme l'orange Et son beau corps de perles inondé. » Ahmed devint blême comme la lune, Prit son kandjar au manche ciselé, Et poignarda sa favorite brune... Quant au nuage, il s'était envolé !
Text Authorship:
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "Le nuage", appears in La Comédie de la Mort, first published 1838
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- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Oblak"
6. Attente
O Mohamed, le soleil baisse sur le douar silencieux
. . . . . . . . . .
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7. La fuite  [sung text not yet checked]
Kadidja: Au firmament sans étoile, La lune éteint ses rayons ; La nuit nous prête son voile. Fuyons ! fuyons ! Ahmed: Ne crains-tu pas la colère De tes frères insolents, Le désespoir de ton père, De ton père aux sourcils blancs ? Kadidja: Que m'importent mépris, blâme, Dangers, malédictions ! C'est dans toi que vit mon âme. Fuyons ! fuyons ! Ahmed: Le cœur me manque ; je tremble, Et, dans mon sein traversé, De leur kandjar il me semble Sentir le contact glacé ! Kadidja: Née au désert, ma cavale Sur les blés, dans les sillons, Volerait, des vents rivale. Fuyons ! fuyons ! Ahmed: Au désert infranchissable, Sans parasol pour jeter Un peu d'ombre sur le sable, Sans tente pour m'abriter... Kadidja: Mes cils te feront de l'ombre ; Et, la nuit, nous dormirons Sous mes cheveux, tente sombre. Fuyons ! fuyons ! Ahmed: Si le mirage illusoire Nous cachait le vrai chemin, Sans vivres, sans eau pour boire, Tous deux nous mourrions demain. Kadidja: Sous le bonheur mon cœur ploie ; Si l'eau manque aux stations, Bois les larmes de ma joie. Fuyons ! fuyons !
Text Authorship:
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "La fuite", written 1845, appears in Poésies diverses, poésies nouvelles et inédites, poésies posthumes, in Poésies diverses 1838-1845
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- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Útěk"
- ENG English (Victoria de Menil) , "Flight", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
8. À Lydie  [sung text not yet checked]
Horace Du temps où tu m'aimais, Lydie, De ses bras nul autre que moi N'entourait ta taille arrondie ; J'ai vécu plus heureux qu'un roi. Lydie Du temps où j'étais ta maîtresse, Tu me préférais à Chloé ; Je m'endormais à ton côté, Plus heureuse qu'une déesse. Horace Chloé me gouverne à présent, Savante au luth, habile au chant, La douceur de sa voix m'enivre. Je suis prêt à cesser de vivre S'il fallait lui donner mon sang. Lydie Je me consume maintenant Pour Calaïs, mon jeune amant, Qui dans mon cœur a pris ta place. Je mourrai deux fois, cher Horace, S'il fallait lui donner mon sang. Horace Eh quoi ! si dans notre pensée L'ancien amour se [rallumait]1 ? Si ma blonde était délaissée ? Si demain Vénus offensée A ta porte me ramenait ? Lydie Calaïs est jeune et fidèle, Et toi, poète, ton désir Est plus léger que l'hirondelle, Plus inconstant que le zéphyr ; Pourtant, s'il t'en prenait envie, Avec toi j'aimerais la vie ; Avec toi je voudrais mourir.
Text Authorship:
- by Louis Charles Alfred de Musset (1810 - 1857), "À Lydie", subtitle: "Imitation", written 1837, appears in Poésies nouvelles
Based on:
- a text in Latin by Horace (Quintus Horatius Flaccus) (65 BCE - 8 BCE), no title, appears in Carmina (Odes), in 3. Liber III (Book III), no. 9
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View original text (without footnotes)Confirmed with Œuvres de Alfred de Musset, Paris, Charpentier, 1867, page 104.
1 Massenet: "ranimait"Note: Massenet has both singers sing the last three lines. There are also many small punctuation changes not shown above.
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Guy Laffaille [Guest Editor]
9. Le soupir du Maure  [sung text not yet checked]
Ce cavalier qui court vers la montagne, Inquiet, pâle au moindre bruit, C'est Boabdil, roi des Mores d'Espagne, Qui pouvait mourir, et qui fuit! Aux Espagnols Grenade s'est rendue; La croix remplace le croissant, Et Boabdil pour sa ville perdue N'a que des pleurs et pas de sang... Sur un rocher nommé Soupir-du-More, Avant d'entrer dans la Sierra, Le fugitif s'assit, pour voir encore De loin Grenade et l'Alhambra: "Hier, dit-il, j'étais calife; Comme un dieu vivant adoré, Je passais du Généralife A l'Alhambra peint et doré! J'avais, loin des regards profanes, Des bassins aux flots diaphanes Où se baignaient trois cents sultanes; Mon nom partout jetait l'effroi! Hélas! ma puissance est détruite; Ma vaillante armée est en fuite, Et je m'en vais sans autre suite Que mon ombre derrière moi! "Fondez, mes yeux, fondez en larmes! Soupirs profonds venus du coeur, Soulevez l'acier de mes armes: Le Dieu des chrétiens est vainqueur! Je pars, adieu, beau ciel d'Espagne, Darro, Jénil, verte campagne, Neige rose de la montagne; Adieu, Grenade, mes amours! Riant Alhambra, tours vermeilles, Frais jardins remplis de merveilles, Dans mes rêves et dans mes veilles, Absent, je vous verrai toujours!"
Text Authorship:
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "Le Soupir du More", appears in España, first published 1845
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Researcher for this page: Harry Joelson10. La fiancée du timbalier  [sung text not yet checked]
"Monseigneur le duc de Bretagne A, pour les combats meurtriers, Convoqué de Nante à Mortagne, Dans la plaine et sur la montagne, L'arrière-ban de ses guerriers. Ce sont des barons dont les armes Ornent des forts ceints d'un fossé; Des preux vieillis dans les alarmes, Des écuyers, des hommes d'armes; L'un d'entre eux est mon fiancé. Il est parti pour l'Aquitaine Comme timbalier, et pourtant On le prend pour un capitaine, Rien qu'à voir sa mine hautaine, Et son pourpoint, d'or éclatant! Depuis ce jour, l'effroi m'agite. J'ai dit, joignant son sort au mien: - Ma patronne, sainte Brigitte, Pour que jamais il ne le quitte, Surveillez son ange gardien! - J'ai dit à notre abbé: - Messire, Priez bien pour tous nos soldats! - Et, comme on sait qu'il le désire, J'ai brûlé trois cierges de cire Sur la châsse de saint Gildas. À Notre-Dame de Lorette J'ai promis, dans mon noir chagrin, D'attacher sur ma gorgerette, Fermée à la vue indiscrète, Les coquilles du pèlerin. Il n'a pu, par d'amoureux gages, Absent, consoler mes foyers; Pour porter les tendres messages, La vassale n'a point de pages, Le vassal n'a pas d'écuyers. Il doit aujourd'hui de la guerre Revenir avec monseigneur; Ce n'est plus un amant vulgaire; Je lève un front baissé naguère, Et mon orgueil est du bonheur! Le duc triomphant nous rapporte Son drapeau dans les camps froissé; Venez tous sous la vieille porte Voir passer la brillante escorte, Et le prince, et mon fiancé! Venez voir pour ce jour de fête Son cheval caparaçonné, Qui sous son poids hennit, s'arrête, Et marche en secouant la tête, De plumes rouges couronné! Mes soeurs, à vous parer si lentes, Venez voir près de mon vainqueur Ces timbales étincelantes Qui sous sa main toujours tremblantes, Sonnent, et font bondir le coeur! Venez surtout le voir lui-même Sous le manteau que j'ai brodé. Qu'il sera beau! c'est lui que j'aime ! Il porte comme un diadème Son casque, de crins inondé! L'Égyptienne sacrilège, M'attirant derrière un pilier, M'a dit hier (Dieu nous protège!) Qu'à la fanfare du cortège Il manquerait un timbalier. Mais j'ai tant prié, que j'espère! Quoique, me montrant de la main Un sépulcre, son noir repaire, La vieille aux regards de vipère M'ait dit: - Je t'attends là demain ! Volons! plus de noires pensées ! Ce sont les tambours que j'entends. Voici les dames entassées, Les tentes de pourpre dressées, Les fleurs, et les drapeaux flottants. Sur deux rangs le cortège ondoie: D'abord, les piquiers aux pas lourds; Puis, sous l'étendard qu'on déploie, Les barons, en robe de soie, Avec leurs toques de velours. Voici les chasubles des prêtres; Les hérauts sur un blanc coursier. Tous, en souvenir des ancêtres, Portent l'écusson de leurs maîtres, Peint sur leur corselet d'acier. Admirez l'armure persane Des templiers, craints de l'enfer; Et, sous la longue pertuisane, Les archers venus de Lausanne, Vêtus de buffle, armés de fer. Le duc n'est pas loin: ses bannières Flottent parmi les chevaliers; Quelques enseignes prisonnières, Honteuses, passent les dernières... Mes soeurs! voici les timbaliers !... " Elle dit, et sa vue errante Plonge, hélas! dans les rangs pressés ; Puis, dans la foule indifférente, Elle tomba, froide et mourante... Les timbaliers étaient passés.
Text Authorship:
- by Victor Hugo (1802 - 1885), "La fiancée du timbalier", written 1825, appears in Odes et Ballades, in 6. Ballades - 1823-1828, no. 6
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- ENG English (Peter Low) , "The Drummer's Fiancée", copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission