Dans l'interminable Ennui de la plaine, La neige incertaine Luit comme du sable. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune. On croirait voir vivre Et mourir la lune. Comme des nuées Flottent gris les chênes Des forêts prochaines Parmi les buées. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune. On croirait vivre Et mourir la lune. Corneilles poussives, Et vous, les loups maigres, Par ces bises aigres Quoi donc vous arrive? Dans l'interminable Ennui de la plaine La neige incertaine Luit comme du sable . . .
Spleens et Détresses
Song Cycle by Louis Vierne (1870 - 1937)
1. Dans l'interminable ennui de la plaine
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, written 1874, appears in Romances sans paroles, in Ariettes oubliées, no. 8, Sens, Typographie de Maurice L'Hermite, first published 1874
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "In the endless tedium of the plain", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
2. Un grand sommeil noir
Un grand sommeil noir Tombe sur ma vie : Dormez, tout espoir, Dormez, toute envie ! Je ne vois plus rien, Je perds la mémoire Du mal et du bien... Ô la triste histoire ! Je suis un berceau Qu'une main balance Au creux d'un caveau : Silence, silence !
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, written 1873, appears in Sagesse, in Sagesse III, no. 5, first published 1880
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Píseň"
- ENG English (Corinne Orde) , copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
- HUN Hungarian (Magyar) (Tamás Rédey) , "Egy álom", copyright © 2015, (re)printed on this website with kind permission
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
3. Spleen
Les roses étaient toutes rouges Et les lierres étaient tout noirs. Chère, pour peu que tu te bouges Renaissent tous mes désespoirs. Le ciel était trop bleu, trop tendre, La mer trop verte et l'air trop doux. Je crains toujours, -- ce qu'est d'attendre Quelque fuite atroce de vous. Du houx à la feuille vernie Et du luisant buis je suis las, Et de la campagne infinie Et de tout, fors de vous, hélas !
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Spleen", appears in Romances sans paroles, in Aquarelles, no. 2
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CAT Catalan (Català) [singable] (Núria Colomer) , copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Corinne Orde) , "Spleen", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , copyright © 2015, (re)printed on this website with kind permission
4. Promenade sentimentale
Le couchant dardait ses rayons suprêmes Et le vent berçait les nénuphars blêmes ; Les grands nénuphars entre les roseaux Tristement luisaient sur les calmes eaux. Moi j'errais tout seul, promenant ma plaie Le long de l'étang, parmi la saulaie Où la brume vague évoquait un grand Fantôme laiteux et désespérant Et pleurant avec la voix des sarcelles Qui se rappelaient en battant des ailes Parmi la saulaie où j'errais tout seul Promenant ma plaie ; et l'épais linceul Des ténèbres vint noyer les suprêmes Rayons du couchant en ses ondes blêmes Et des nénuphars, parmi les roseaux, Des grands nénuphars sur les calmes eaux.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Promenade sentimentale", written 1866, appears in Poèmes saturniens, in 3. Paysages tristes, no. 3, Paris, Édition Alphonse Lemerre, first published 1866
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "Sentimental stroll", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Bergen Weeks Applegate) , "Promenade Sentimental", appears in Poems Saturnine, in 3. Somber Landscapes, no. 3
5. À une femme
À vous ces vers de par la grâce consolante De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux, De par votre âme pure et toute bonne, à vous Ces vers du fond de ma détresse violente. C'est qu'hélas ! le hideux cauchemar qui me hante N'a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux, Se multipliant comme un cortège de loups Et se pendant après mon sort qu'il ensanglante ! Et je souffre, je souffre affreusement, si bien Que le gémissement premier du premier homme Chassé d'Éden n'est qu'une églogue auprès du mien ! Et les soucis que vous pouvez avoir sont comme Des hirondelles sur un ciel d'après-midi, — Chère, — par un beau jour de septembre attiédi.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "À une femme", appears in Poèmes saturniens, in 1. Melancholia, no. 7, Paris, Édition Alphonse Lemerre, first published 1866
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "To a woman", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Bergen Weeks Applegate) , "To a Woman", appears in Poems Saturnine, in 1. Melancholia, no. 7
6. Sérénade
Comme la voix d'un mort qui chanterait Du fond de sa fosse, Maîtresse, entends monter vers ton retrait Ma voix aigre et fausse. Ouvre ton âme et ton oreille au son De la mandoline : Pour toi j'ai fait, pour toi, cette chanson Cruelle et câline. Je chanterai tes yeux d'or et d'onyx Purs de toutes ombres, Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx De tes cheveux sombres. Comme la voix d'un mort qui chanterait Du fond de sa fosse, Maîtresse, entends monter vers ton retrait Ma voix aigre et fausse. Puis je louerai beaucoup, comme il convient, Cette chair bénie Dont le parfum opulent me revient Les nuits d'insomnie. Et pour finir, je dirai le baiser De ta lèvre rouge, Et ta douceur à me martyriser, — Mon Ange ! — ma Gouge ! Ouvre ton âme et ton oreille au son De ma mandoline : Pour toi j'ai fait, pour toi, cette chanson Cruelle et câline.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Sérénade", written 1866, appears in Poèmes saturniens, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1866
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "Serenade", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Bergen Weeks Applegate) , "Serenade", appears in Poems Saturnine
- GER German (Deutsch) ( Wolf von Kalckreuth, Graf) , "Serenade"
7. Le son du cor
Le son du cor s'afflige vers les bois, D'une douleur on veut croire orpheline Qui vient mourir au bas de la colline, Parmi la bise errant en courts abois. L'âme du loup pleure dans cette voix, Qui monte avec le soleil, qui décline D'une agonie on veut croire câline, Et qui ravit et qui navre à la fois. Pour faire mieux cette plainte assoupie, La neige tombe à longs traits de charpie A travers le couchant sanguinolent, Et l'air a l'air d'être un soupir d'automne, Tant il fait doux par ce soir monotone, Où se dorlote un paysage lent.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, appears in Sagesse, in Sagesse III, no. 9, first published 1880
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Sonet"
- ENG English (Peter Low) , "The sound of the horn is wailing near the woods", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Corinne Orde) , "The sound of the horn", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) ( Wolf von Kalckreuth, Graf)
8. Sapho
Furieuse, les yeux caves et les seins roides, Sapho, que la langueur de son désir irrite, Comme une louve court le long des grèves froides, Elle songe à Phaon, oublieuse des rites, Et, voyant à ce point ses larmes dédaignées, Arrache ses cheveux immenses par poignées ; Puis elle évoque, en des remords sans accalmies, Ces temps où rayonnait, pure, la jeune gloire De ses amours chantées en vers que la mémoire De l'âme va redire aux vierges endormies : Et voilà qu'elle abat ses paupières blêmies Et saute dans la mer où l'appelle la Moire, -- Tandis qu'au ciel éclate, incendiant l'eau noire, La pâle Séléné qui venge les Amies.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Sappho", appears in Parallèlement, in Les amies, no. 6, Paris, Éd. Léon Vanier, first published 1889
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "Sapho", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
9. Les faux beaux jours
Les faux beaux jours ont lui tout le jour, ma pauvre âme, Et les voici vibrer au cuivre du couchant. Ferme les yeux, pauvre âme, et rentre sur-le-champ : Une tentation des pires. Fuis l'infâme. Ils ont lui tout le jour en longs grêlons de flammes, Battant toute vendange aux collines, couchant Toute moisson de la vallée, et ravageant Le ciel tout bleu, le ciel chanteur qui réclame. Ô pâlis, et va-t'en, lente et joignant les mains. Si ces hivers allaient manger nos beaux demains ? Si la vieille folie était encore en route ? Ces souvenirs va-t-il falloir les retuer ? Un assaut furieux, le suprême sans doute ! Ô, va prier contre l'orage, va prier.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, appears in Sagesse, in Sagesse I, no. 7, first published 1880
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "The false fine days", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
10. Marine
L'Océan sonore Palpite sous l'œil De la lune en deuil Et palpite encore, Tandis qu'un éclair Brutal et sinistre Fend le ciel de bistre D'un long zigzag clair, Et que chaque lame En bonds convulsifs Parmi les récifs Va, vient, luit et clame, Et qu'au firmament, Où l'ouragan erre, Rugit le tonnerre Formidablement.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Marine", written 1866, appears in Poèmes saturniens, in 2. Eaux-fortes, no. 3, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1866
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "Marine", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Bergen Weeks Applegate) , "Marine", appears in Poems Saturnine, in 2. Etchings, no. 3
- GER German (Deutsch) (Pierre Mathé) , "Seestück", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission