Elle était descendue au bas de la prairie, et, comme la prairie était toute fleurie de plantes dont la tige aime à pousser dans l'eau, ces plantes inondées je les avais cueillies. Bientôt, s'étant mouillée, elle gagna le haut de cette prairie-là qui était toute fleurie. Elle riait et s'ébrouait avec la grâce dégingandée qu'ont les jeunes filles trop grandes. Elle avait le regard qu'ont les fleurs de lavande.
Clairières dans le ciel
Song Cycle by Lili Boulanger (1893 - 1918)
Translated to:
English — Glades in the sky (Faith J. Cormier)
1. Elle était descendue au bas de la prairie
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- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 2, first published 1906
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- ENG English (Faith J. Cormier) , "She had gone down to the bottom of the meadow", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
- SPA Spanish (Español) (Elisa Rapado) , copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
2. Elle est gravement gaie
Elle est gravement gaie. Par moments son regard se levait comme pour surprendre ma pensée. Elle était douce alors comme quand il est tard le velours jaune et bleu d'une allée de pensées.
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- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 4, first published 1906
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- ENG English (Faith J. Cormier) , "She is solemnly gay", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
3. Parfois, je suis triste
Parfois, je suis triste. Et soudain, je pense à elle. Alors, je suis joyeux. Mais je redeviens triste de ce que je ne sais pas combien elle m'aime. Elle est la jeune fille à l'âme toute claire, et qui, dedans son cœur, garde avec jalousie l'unique passion que l'on donne à un seul. Elle est partie avant que s'ouvrent les tilleuls, et, comme ils ont fleuri depuis qu'elle est partie, Je me suis étonné de voir, ô mes amis, des branches de tilleuls qui n'avaient pas de fleurs.
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- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 5, first published 1906
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- ENG English (Faith J. Cormier) , "Sometimes I'm sad", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
4. Un poète disait
Un poète disait que, lorsqu'il était jeune, il fleurissait des vers comme un rosier des roses. Lorsque je pense à elle, il me semble que jase une fontaine intarissable dans mon cœur. Comme sur le lys Dieu pose un parfum d'église, comme il met du corail aux joues de la cerise, je veux poser sur elle, avec dévotion, la couleur d'un parfum, qui n'aura pas de nom.
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- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 6, first published 1906
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- ENG English (Faith J. Cormier) , "A poet said", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
5. Au pied de mon lit
Au pied de mon lit, une Vierge négresse fut mise par ma mère. Et j'aime cette Vierge d'une religion un peu italienne. Virgo Lauretana, debout dans un fond d'or, qui me faites penser à mille fruits de mer que l'on vend sur les quais où pas un souffle d'air n'émeut les pavillons qui lourdement s'endorment, Virgo Lauretana, vous savez qu'en ces heures où je ne me sens pas digne d'être aimé d'elle c'est vous dont le parfum me rafraîchit le cœur.
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- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 8, first published 1906
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- ENG English (Faith J. Cormier) , no title, copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
6. Si tout ceci n'est qu'un pauvre rêve
Si tout ceci n'est qu'un pauvre rêve, et s'il faut que j'ajoute dans ma vie, une fois encore, la désillusion aux désillusions ; et, si je dois encore, par ma sombre folie, chercher dans la douceur du vent et de la pluie les seules vaines voix qui m'aient en passion : je ne sais si je guérirai, ô mon amie...
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- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 10, first published 1906
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- ENG English (Faith J. Cormier) , "If all were naught but a poor dream", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
7. Nous nous aimerons tant
Nous nous aimerons tant que nous tairons nos mots, en nous tendant la main, quand nous nous reverrons. Vous serez ombragée par d'anciens rameaux sur le banc que je sais où nous nous assoirons. ... Donc nous nous assoirons sur ce banc, tous deux seuls, ... D'un long moment, ô mon amie, vous n'oserez... Que vous me serez douce et que je tremblerai...
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- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 13, first published 1906
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- ENG English (Faith J. Cormier) , "We will love each other so much", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
8. Vous m'avez regardé avec toute votre âme
Vous m'avez regardé avec toute votre âme. Vous m'avez regardé longtemps comme un ciel bleu. J'ai mis votre regard à l'ombre de mes yeux... Que ce regard était passionné et calme...
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- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 17, first published 1906
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- ENG English (Faith J. Cormier) , "You looked at me with all your soul", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
9. Les lilas qui avaient fleuri
Les lilas qui avaient fleuri l'année dernière vont fleurir de nouveau dans les tristes parterres. Déjà le pêcher grêle a jonché le ciel bleu de ses roses, comme un enfant la Fête-Dieu. Mon cœur devrait mourir au milieu de ces choses, car c'était au milieu des vergers blancs et roses que j'avais espéré je ne sais quoi de vous. Mon âme rêve sourdement sur vos genoux. Ne la repoussez point. Ne la relevez pas de peur qu'en s'éloignant de vous elle ne voie combien vous êtes faible et troublée dans ses bras.
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- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 19, first published 1906
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- ENG English (Faith J. Cormier) , "The lilacs which bloomed", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
- SPA Spanish (Español) (Elisa Rapado) , copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
10. Deux ancolies
Deux ancolies se balançaient sur la colline Et l'ancolie disait à sa sœur l'ancolie : Je tremble devant toi et demeure confuse. Et l'autre répondait : si dans la roche qu'use l'eau, goutte à goutte, si je me mire, je vois que je tremble, et je suis confuse comme toi. Le vent de plus en plus les berçait toutes deux, les emplissait d'amour et mêlait leurs cœurs bleus.
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- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 20, first published 1906
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- ENG English (Faith J. Cormier) , "Two columbines", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
11. Par ce que j'ai souffert
Par ce que j'ai souffert, ma mésange bénie, je sais ce qu'a souffert l'autre : car j'étais deux... Je sais vos longs réveils au milieu de la nuit et l'angoisse de moi qui vous gonfle le sein. On dirait par moments qu'une tête chérie, confiante et pure, ô vous qui êtes la sœur des lins en fleurs et qui parfois fixez le ciel comme eux, on dirait qu'une tête inclinée dans la nuit pèse de tout son poids, à jamais, sur ma vie.
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- by Francis Jammes (1868 - 1938), appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 21, first published 1906
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- ENG English (Faith J. Cormier) , "Because I have suffered", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
12. Je garde une médaille d'elle
Je garde une médaille d'elle où sont gravés une date et les mots: prier, croire, espérer. Mais moi, je vois surtout que la médaille est sombre : son argent a noirci sur son col de colombe.
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- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 15, first published 1906
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- ENG English (Faith J. Cormier) , "I keep a medal for her", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
13. Demain fera un an
Demain fera un an qu'à Audaux je cueillais
les fleurs dont j'ai parlé, de la prairie mouillée.
C'est aujourd'hui le plus beau des jours de Pâques.
Je me suis enfoncé dans l'azur des campagnes,
à travers bois, à travers prés, à travers champs.
Comment, mon cœur, n'es-tu pas mort depuis un an ?
Mon cœur, je t'ai donné encore ce calvaire
de revoir ce village où j'avais tant souffert,
ces roses qui saignaient devant les presbytère,
ces lilas qui me tuent dans les tristes parterres.
Je me suis souvenu de ma détresse ancienne,
et je ne sais comment je ne suis pas tombé
sur l'ocre du sentier, le front dans la poussière.
Plus rien. Je n'ai plus rien, plus rien qui me soutienne.
Pourquoi fait-il si beau et pourquoi suis-je né ?
J'aurais voulu poser sur vos calmes genoux
la fatigue qui rompt mon âme qui se couche
ainsi qu'une pauvresse au fossé de la route.
Dormir. Pouvoir dormir. Dormir à tout jamais
sous les averses bleues, sous les tonnerres frais.
Ne plus sentir. Ne plus savoir votre existence.
Ne plus voir cet azur engloutir ces coteaux
dans ce vertige bleu qui mêle l'air à l'eau,
ni ce vide où je cherche en vain votre présence.
Il me semble sentir pleurer au fond de moi,
d'un lourd sanglot muet, quelqu'un qui n'est pas là.
J'écris. Et la campagne est sonore de joie.
...
...Elle était descendue au bas de la prairie,
et comme la prairie était toute fleurie...
Plus rien. Je n'ai plus rien, plus rien qui me soutienne.
Text Authorship:
- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Tristesses, no. 24, first published 1906
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