Dors, mon fieux, dors,
Bercé, berçant.
Fait froid dehors,
Ça glace l'sang.
Mais gna d'chez soi
Qu'pour ceux qu'a d'quoi.
Le vent pince et la neige mouille,
Berçant, bercé.
Dans un chez-soi on a d'la houille
Ou du bois d'automn' ramassé,
Berçant, bercé,
Bercé grenouille.
Dors, mon fieux, dors,
Bercé, berçant.
Fait froid dehors,
Ça glace l'sang.
Mais gna d'chez soi
Qu'pour ceux qu'a d'quoi.
Not' maison à nous, c'est ma hotte,
Berçant, bercé.
Et l' vieux jupon qui t'emmaillotte
Jusqu'à ta chair est traversé,
Berçant, bercé,
Bercé marmotte.
Dors, mon fieux, dors,
Bercé, berçant.
Fait froid dehors,
Ça glace l'sang.
Mais gna d'chez soi
Qu'pour ceux qu'a d'quoi.
Ton bedon est vide et gargouille,
Berçant, bercé.
C'est pas pour nous qu'est la pot-bouille,
Ni le bon pichet renversé,
Berçant, bercé,
Bercé grenouille.
Dors, mon fieux, dors,
Bercé, berçant.
Fait froid dehors,
Ça glace l'sang.
Mais gna d'chez soi
Qu'pour ceux qu'a d'quoi.
[ ... ]
Vingt Poèmes de Jean Richepin
by César Antonovich Cui (1835 - 1918)
1. Berceuse  [sung text checked 1 time]
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Berceuse", appears in La chanson des gueux, in 1. Gueux des champs, in 1. Chansons de mendiants, no. 1, Paris, Éd. Maurice Dreyfous, first published 1881
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Laura Prichard) , "Lullaby", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Jean Richepin, La Chanson des gueux, Maurice Dreyfous, 1881, pages 5-7.
Note provided by Laura Prichard: "gna" is a colloquial spelling of "y'a"
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2. Le Vieux  [sung text checked 1 time]
Mes braves bons messieurs et dames,
Par Sainte-Marie-Notre-Dame,
Voyez le pauvre vieux stropiat.
Pater noster ! Ave Maria !
Ayez pitié !
Mes braves bons messieurs et dames,
La charité des bonnes âmes !
Un p’tit sou, et Dieu vous l’ rendra.
Pater noster ! Ave Maria !
Ayez pitié !
Mes braves bons messieurs et dames,
Chez ceux qui ne voient pas les larmes,
Quand Dieu le veut, grêle il y a.
Pater noster ! Ave Maria !
Ayez pitié !
[ ... ]
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Le Vieux", written 1876, appears in La chanson des gueux, in 1. Gueux des champs, in 1. Chansons de mendiants, no. 4
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Laura Prichard) , "The Old Beggar", copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Jean Richepin, La Chanson des gueux, Maurice Dreyfous, 1881, pages 12-13.
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3. Les Petiots  [sung text checked 1 time]
Ouvrez la porte Aux petiots qui ont bien froid. Les petiots claquent des dents. Ohé ! ils vous écoutent ! S’il fait chaud là-dedans, Bonnes gens, Il fait froid sur la route. Ouvrez la porte Aux petiots qui ont bien faim. Les petiots claquent des dents. Ohé ! il faut qu’ils entrent ! Vous mangez là-dedans, Bonnes gens, Eux n’ont rien dans le ventre. Ouvrez la porte Aux petiots qui ont sommeil. Les petiots claquent des dents. Ohé ! leur faut la grange ! Vous dormez là-dedans, Bonnes gens, Eux, les yeux leur démangent. Ouvrez la porte Aux petiots qu’ont un briquet. Les petiots grincent des dents. Ohé ! les durs d’oreille ! Nous verrons là-dedans, Bonnes gens, Si le feu vous réveille !
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Les Petiots", written 1876, appears in La chanson des gueux, in 1. Gueux des champs, in 1. Chansons de mendiants, no. 2
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Laura Prichard) , "The little ones", copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Jean Richepin, La Chanson des gueux, Maurice Dreyfous, 1881, pages 8-9.
Note provided by Laura Prichard for stanza 4, line 2: qu’ont is an improper contration of qui ont, as “qui” is not usually elided.
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4. Pâle et blonde  [sung text checked 1 time]
Pâle et blonde, trés pâle et très blonde, ô mon coeur, C'est ainsi que tu l'aimes. Lorsque sur toi l'ennui comme un condor vainqueur Étends ses ailes blêmes, Lorsque tu sens en toi monter le goût amer Des voluptés passées, Lorsque tu voudrais bien boire toute la mer Pour noyer les pensées, Lorsqu'un désir te prend, frénétique et moqueur, De t'en aller du monde, Pâle et blonde, trés pâle et très blonde, ô mon coeur, Tu l'aimes pâle et blonde; Pâle et blonde comme est la fille d'un vieillard, Née au mois de décembre. Aussi pâle qu'un clair de lune en un brouillard, Aussi blonde que l'ambre; Pâle et blond et laissant autour d'elle neiger, Plus blancs que de la laine, Ses cheveux d'argent fin, clair, mousseux et léger, Que dissipe une haleine; Pâle et blonde, trés pâle et très blonde, elle est là Qui sanglotte à ta porte. Laisse-la donc entrer chez toi, va, laisse-la, Laisse, qu'elle t'emporte! C'est elle, la bonne ale. Allons, tends-lui ton cou, Ouvre ta bouche entière, Et mets la bière en toi! Tu mets du même coup Ton ennui dans la bière.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Pâle et blonde", written 1876, appears in La chanson des gueux, in 3. Nous autres gueux, in 2. Nos tristesses, no. 3
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Laura Prichard) , "Pale and blonde", copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
5. Le ciel est transi  [sung text checked 1 time]
Le ciel est transi. Sur la terre nue La neige est venue. Sur mon cœur aussi. Dans l'air obscurci Les feuilles dernières Roulent aux ornières. Mon bonheur aussi. Il fait froid ici. Les cailles, les grives, Ont quitté nos rives. Ma maîtresse aussi.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), no title, written 1877, appears in Les Caresses, in 4. Nivôse, no. 1, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "Winter's day", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- ITA Italian (Italiano) (Francesco Campanella) , "Giorno d'inverno", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], page 217.
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6. Où vivre?  [sung text checked 1 time]
Où vivre ? Dans quelle ombre Étouffer mon ennui ? Ma tristesse est plus sombre Que la nuit. Où mourir ? Sous quelle onde Noyer mon deuil amer ? Ma peine est plus profonde Que la mer. Où fuir ? De quelle sorte Égorger mon remord ? Ma douleur est plus forte Que la mort.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), no title, written 1877, appears in Les Caresses, in 4. Nivôse, no. 18, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "Anguish", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- ITA Italian (Italiano) (Francesco Campanella) , "Angoscia", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], page 249.
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7. Te souviens‑tu d'une étoile?  [sung text checked 1 time]
Te souviens-tu d'une étoile Qui nous regardait un soir, Ainsi qu'un oeil sous un voile, Dans le ciel noir ? Nous avons fait la grimace A cet astre curieux, Cachant à demi sa face Pour nous voir mieux. Elle est toujours dans l'espace. Mais c'est l'étoile aujourd'hui Qui là-haut fait la grimace A mon ennui.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Te souviens-tu d'une étoile ?", written 1877, appears in Les Caresses, in 4. Nivôse, no. 29, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], page 275.
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8. Te souviens‑tu du baiser?  [sung text checked 1 time]
Te souviens-tu du baiser, Du premier que je vins prendre ? Tu ne sus pas refuser, Mais tu n'osas pas le rendre. Te souviens-tu du baiser, Du dernier que je vins prendre ? Tu n'osas pas refuser ; Mais tu ne sus pas le rendre.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Te souviens-tu du baiser ?", written 1877, appears in Les Caresses, in 4. Nivôse, no. 27, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], page 273.
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9. Que ta maîtresse soit  [sung text checked 1 time]
Que ta maîtresse soit ou blonde, ou rousse, ou brune, Qu'elle vienne d'en haut, ou d'en bas, ou d'ailleurs, Crains l'abandon certain promis par les railleurs. La femme et ses désirs sont réglés par la lune. Tous les amours du monde ont une fin commune. Ta maîtresse prendra de tes ans les meilleurs Et les effeuillera sous ses doigts gaspilleurs. La femme est un danger quand on n'en aime qu'une. Aime-les toutes, c'est le parti le plus sûr : La brune aux yeux de nuit, la blonde aux yeux d'azur, La rousse aux yeux de mer, et bien d'autres encore. Ne fixe pas ton cœur à leurs cœurs décevants, Mais change ! L'homme heureux est celui que décore Un chapeau d'amoureux qui tourne à tous les vents.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "À Maurice Bouchor", written 1877, appears in Les Caresses, in 4. Nivôse, no. 12, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], pages 236-237.
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10. Air retrouvé  [sung text checked 1 time]
Rien n'est fini. Tout recommence. Rupture toujours ajournée ! C'est comme un vieux bout de romance Qu'on chanta toute une journée. Un moment on croit qu'on l'oublie. On marche sans en avoir cure. Mais la ritournelle abolie Couve dans la mémoire obscure. Un beau jour qu'on prête l'oreille A des bruits vagues, l'on s'étonne D'entendre la petite abeille Qui dans sa ruche encor chantonne. Et voilà qu'on redit sans trêve Le bout oublié de romance. On retourne à son ancien rêve. Rien n'est fini. Tout recommence,1
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Air retrouvé", written 1877, appears in Les Caresses, in 3. Brumaire, no. 13, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "Rediscovered air", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- ITA Italian (Italiano) (Francesco Campanella) , "Aria ritrovata", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], pages 172-173.
1 [sic] for the punctuation.Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
11. Le jour où je vous vis  [sung text checked 1 time]
Le jour où je vous vis pour la première fois, Vous aviez un air triste et gai : dans votre voix Pleuraient des rossignols captifs, sifflaient des merles ; Votre bouche rieuse, où fleurissaient des perles, Gardait à ses deux coins d'imperceptibles plis ; Vos grands yeux bleus semblaient des calices remplis Par l'orage, et séchant les larmes de la pluie A la brise d'avril qui chante et les essuie ; Et des ombres passaient sur votre front vermeil Comme un [papillon noir]1 dans un rais de soleil.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), no title, written 1877, appears in Les Caresses, in 1. Floréal, no. 2, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "The day when I saw you", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- ITA Italian (Italiano) (Francesco Campanella) , "Il giorno che ti vidi", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], page 5.
1 Cui: "noir papillon"Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
12. Le Hun  [sung text checked 1 time]
Vole, ô cavale folle! Franc, ou Goth, ou Germain, Ou Gaulois, ou Romain, Partout sur mon chemin, Devant ta course folle, Le vieux monde croula Comme un brouillard s'envole. Attila! Attila! Je plonge dans l'espace, A travers monts et vaux, Vers les pays nouveaux Des guerriers sans chevaux. Je me soûle d'espace Sans crier halte-là, Comme un oiseau qui passe. Attila! Attila! Dans mon galop superbe Je passe, et quand je pars On voit de toutes parts Des cadavres épars. C'est mon sabre superbe Qui les éparpilla Comme un fléau la gerbe. Attila! Attila!
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Le Hun", written 1884, appears in Les Blasphèmes, in 9. La chanson du sang, no. 21, Paris, Éd. Maurice Dreyfous, first published 1885
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- ENG English (Laura Prichard) , "The hun", copyright © 2018, (re)printed on this website with kind permission
13. Le Spadassin  [sung text checked 1 time]
Je suis tailleur à ma manière: Car je taille et je ne couds point, Et ma méthode routinière Ne sait travailler qu'au pourpoint Pour y fendre la boutonnière. Et voyez si je suis galant! Dès que la boutonnière est faite, Sur la poitrine du chaland J'y mets, tout éclos pour sa fête, Un oeillet rouge en m'en allant. D'aucuns frappent comme on divague, A tort, à travers. Moi, tout droit. Et, trou de rapière ou de dague, C'est si petit, mignon, étroit, Qu'on en pourrait faire une bague. Bref, dans Paris pour le moment, Je le dis sans fausse vergogne, Il n'est pas un seul escrimant, Fût-il de Naple ou de Gascogne, Pour faire un mort plus proprement. Venez donc chez moi. Je vous jure Qu'après vous me direz merci. Ma boutique est cette masure Dont l'enseigne dit: C'est ici Que l'on est tué sur mesure.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Le Spadassin", written 1884, appears in Les Blasphèmes, in 9. La chanson du sang, no. 8, Paris, Éd. Maurice Dreyfous, first published 1885
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]14. Le Turc  [sung text checked 1 time]
Hop! mon cheval, hop! galope! Mon sabre nous enveloppe D'éclairs bleus en tourbillon. Ta crinière que je flatte, Dans la mêlée écarlate, Déroule un noir pavillon. Quand, aux carrefours des villes, Nous broyons les foules villes Des chiens de chrétiens tremblants, Tes pieds plus vifs que des ailes, Arrachent des étincelles De feu rouge aux pavés blancs. La mer aux flots de sinople Qui garde Constantinople, Demain nous la franchirons. J'irai dans les basiliques Déclouer l'or des reliques Pour ferrer tes sabots ronds. Les Grecques, mes prisonnières, Seront tes palefrenières; Et leurs mains aux doigts nacrés, Pour te rafraîchir la gorge, Mêleront le miel et l'orge Au fond des vases sacrés. Afin que ton poil qui fume Se repose et se parfume, Tu prendras, si tu le veux, Leurs chambres pour écuries, Et pour litières fleuries Les gerbes de leurs cheveux. Tu les verras toutes nues, Et, pris d'ardeurs inconnues, Tu henniras en rêvant Devant leurs croupes rivales De la croupe des cavales Qui s'en vont la queue au vent!
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Le Turc", written 1884, appears in Les Blasphèmes, in 9. La chanson du sang, no. 11, Paris, Éd. Maurice Dreyfous, first published 1885
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]15. Si mon rival  [sung text checked 1 time]
Si mon rival Est sans cheval Et sans appui, Voici ma loi: Tant mieux pour moi, Tant pis pour lui! S'il se défend Comme un enfant Rempli d'émoi Pendant la nuit, Tant pis pour lui, Tant mieux pour moi! S'il croit vraiment A mon serment, Ce mot qui fuit, Je suis sans foi; Tant mieux pour moi, Tant pis pour lui! Vienne un vainqueur Qui dans mon coeur Plonge l'effroi D'un fer qui luit, Tant mieux pour lui, Tant pis pour moi!
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), no title, written 1884, appears in Les Blasphèmes, in 9. La chanson du sang, in 23. Marches touraniennes, no. 6, Paris, Éd. Maurice Dreyfous, first published 1885
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]16. Larmes  [sung text checked 1 time]
Pleurons nos chagrins, chacun le nôtre, Une larme tombe, puis une autre, Toi, [qui]1 pleures-tu ? Ton doux pays, Tes parents lointains, ta fiancée. Moi, mon existence dépensée En vœux trahis. Pleurons nos chagrins, chacun le nôtre. Une larme tombe, puis une autre. Semons dans la mer ces pâles fleurs. À notre sanglot qui se lamente Elle répondra par la tourmente Des flots hurleurs. Pleurons nos chagrins, chacun le nôtre. Une larme tombe, puis une autre. Le flux de la mer en est grossi Et d'une salure plus épaisse, Depuis si longtemps que notre espèce Y pleure ainsi. Pleurons nos chagrins, chacun le nôtre. Une larme tombe, puis une autre. Peut-être toi-même, ô triste mer, Mer au goût de larme âcre et salée, Es-tu de la terre inconsolée Le pleur amer.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Larmes", appears in La Mer, in 6. Étant de quart, no. 17, Paris, Éd. Maurice Dreyfous, first published 1886
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Laura Prichard) , copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Nele Gramß) , "Tränen", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
1 Flégier: "que"
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17. La falaise  [sung text checked 1 time]
La falaise en forteresse Blanche et rigide se dresse, Et du haut de ses remparts, Ô vagues, elle se raille De vos escadrons épars Écrasés à sa muraille. En vain vous la menacez De vos coups jamais lassés, De vos troupes toujours fraîches; La garnison pas à pas, Vous laissant ouvrir vos brèches. Recule et ne se rend pas. Parfois, doublant votre rage, Bat le tambour de l'orage, Sonne le clairon du vent. Vous galopez d'une traite. Au galop! Sus! En avant! Vous escaladez la crête. Les talus sont arrachés, Des pans de sol, des rochers. La vieille se démantèle. Et voici de toutes parts Que s'émiettent devant elle Les crénaux de ses remparts. Dans sa muraille éventrée Votre irrésistible entrée Va, creuse, élargit son trou, Bondit, massacre, renverse, Brèche suprême, par où Il pleut des morts en averse. Mais ces cadavres croulants Embarrassent vos élans; Car la plage est toute pleine D'un monceau d'estropiés Où vos chevaux hors d'haleine S'abattent pris par les pieds. Et toujours la forteresse Blanche et rigide se dresse, Puisque sans peur ni remords Pour briser vos cavalcades C'est avec ses propres morts Qu'elle fait des barricades.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "La falaise", written 1886, appears in La Mer, in 3. Marines, no. 4, Paris, Éd. Maurice Dreyfous, first published 1886
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]18. Oceano nox  [sung text checked 1 time]
Dans le silence Le bateau dort Et bord sur bord Il se balance. Seul à l'avant Un petit mousse D'une voix douce Siffle le vent. Au couchant pâle Et violet Flotte un reflet Dernier d'opale. Sur les flots verts, Par la soirée Rose et moirée Déjà couverts, Sa lueur joue, Comme un baiser Vient se poser Sur une joue. Puis, brusquement, Il fuit, s'efface, Et sur la face Du firmament, Dans l'ombre claire, On ne voit plus Que le reflux Crépusculaire. Les flots déteints Ont, sous la brise, La couleur grise Des vieux étains. Alors la veuve Aux noirs cheveux Se dit: "Je veux Faire l'épreuve De mes écrins Dans cette glace." Et la Nuit place Parmi ses crins, Sous ses longs voiles Aux plis dormants, Les diamants De ses étoiles.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Oceano nox", written 1886, appears in La Mer, in 3. Marines, no. 5, Paris, Éd. Maurice Dreyfous, first published 1886
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]19. Les songeants  [sung text checked 1 time]
Dans le pays on les appelait les Songeants. A force d'être ensemble ayant mine pareille, On eût dit deux sarments, secs, de la même treille. C'était un vieux marin et sa femme, indigents. Ils se trouvaient heureux et n'étaient exigeants; Car elle avait perdu la vue, et lui l'oreille. Mais chaque jour, à l'heure où le flux appareille, Ils venaient, se tenant par la main, bonnes gens, Et demeuraient assis sur le bord de la grève, Sans parler, abîmés dans l'infini d'un rêve, Et jusqu'au fond de l'être avaient l'air de jouir. Ainsi de leurs vieux ans ils achevaient la trame, Le sourd à voir la mer, et l'aveugle à l'ouïr, Et tous deux à humer son âme dans leur âme.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Les songeants", written 1886, appears in La Mer, in 5. Les gas, no. 15, Paris, Éd. Maurice Dreyfous, first published 1886
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]20. Adieu‑vat!  [sung text checked 1 time]
Ainsi le naufragé sans barre et sans compas, Au moment de sombrer sous la vague profonde, Vers les abîmes noirs où n'atteint pas la sonde, Sûr qu'aux requins son corps va servir de repas, Veut arracher du moins sa mémoire au trépas, Et la lègue, livrée à la grâce de l'onde. Aux flancs garnis d'osier d'une bouteille ronde Que la mer roulera, mais ne brisera pas; Ainsi sur l'Océan de ce siècle d'orages, Je veux mettre mon nom à l'abri des naufrages Dans l'osier de ces vers solidement tressés. Et j'espère qu'un jour, après mille aventures, Ô flots en qui j'ai foi, flots qui m'engloutissez, Vous le déposerez sur les plages futures.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Adieu-vat", written 1886, appears in La Mer, in 8. Finale, no. 3, Paris, Éd. Maurice Dreyfous, first published 1886
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]