Sur l'eau bleue et profonde Nous allons voyageant, Environnant le monde D'un sillage d'argent, Des îles de la Sonde, De l'Inde au ciel brûlé, Jusqu'au pôle gelé... Les petites étoiles Montrent de leur doigt d'or De quel côté les voiles Doivent prendre l'essor ; Sur nos ailes de toiles, Comme de blancs oiseaux, Nous effleurons les eaux. Nous pensons à la terre Que nous fuyons toujours, À notre vieille mère, À nos jeunes amours ; Mais la vague légère Avec son doux refrain Endort notre chagrin. Le laboureur déchire Un sol avare et dur ; L'éperon du navire Ouvre nos champs d'azur, Et la mer sait produire, Sans peine ni travail, La perle et le corail. Existence sublime ! Bercés par notre nid, Nous vivons sur l'abîme Au sein de l'infini ; Des flots rasant la cime, Dans le grand désert bleu Nous marchons avec Dieu !
26 mélodies pour chant et piano
Song Cycle by Léon Charles François Kreutzer (1817 - 1868)
1. Les matelots  [sung text not yet checked]
Authorship
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "Les matelots", written 1841, appears in Poésies diverses, poésies nouvelles et inédites, poésies posthumes, in Poésies diverses 1838-1845 [author's text checked 1 time against a primary source]
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Shawn Thuris) , "The sailors", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Nele Gramß) , "Die Matrosen", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
3. Le chasseur  [sung text not yet checked]
Je suis enfant de la montagne, Comme l'isard, comme l'aiglon ; Je ne descends dans la campagne Que pour ma poudre et pour mon plomb ; Puis je reviens, et de mon aire Je vois en bas l'homme ramper, Si haut placé que le tonnerre Remonterait pour me frapper. [Je n'ai pour boire, après ma chasse, Que l'eau du ciel dans mes deux mains ; Mais le sentier par où je passe Est vierge encor de pas humains.]1 Dans mes poumons nul souffle immonde ! En liberté je bois l'air bleu, Et nul vivant en ce bas monde Autant que moi n'approche Dieu. Pour mon berceau j'eus un nid d'aigle Comme un héros ou comme un roi, Et j'ai vécu sans frein ni règle, Plus haut que l'homme et que la loi. Après ma mort une avalanche De son linceul me couvrira, Et sur mon corps la neige blanche, Tombeau d'argent, s'élèvera.
Authorship
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "Le chasseur", appears in España, first published 1845 [author's text checked 1 time against a primary source]
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View original text (without footnotes)1 omitted by Levadeé.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
5. Nuit d'attente  [sung text not yet checked]
I Au pays où se fait la guerre Mon bel ami s'en est allé ; Il semble à mon cœur désolé Qu'il ne reste que moi sur terre ! En partant, au baiser d'adieu, Il m'a pris mon âme à ma bouche. Qui le tient si longtemps, mon Dieu ? Voilà le soleil qui se couche, Et moi, toute seule en ma tour, J'attends encore son retour. II Les pigeons sur le toit roucoulent, Roucoulent amoureusement ; Avec un son triste et charmant Les eaux sous les grands saules coulent. Je me sens tout près de pleurer ; Mon cœur comme un lis plein s'épanche, Et je n'ose plus espérer. Voici briller la lune blanche, Et moi, toute seule en ma tour, J'attends encore son retour. III Quelqu'un monte à grands pas la rampe : Serait-ce lui, mon doux amant ? Ce n'est pas lui, mais seulement Mon petit page avec ma lampe. Vents du soir, volez, dites-lui Qu'il est ma pensée et mon rêve, Toute ma joie et mon ennui. Voici que l'aurore se lève, Et moi, toute seule en ma tour, J'attends encore son retour.
Authorship
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "Romance", written 1838, appears in La Comédie de la Mort, Paris, Éd. Desessart, first published 1838 [author's text checked 1 time against a primary source]
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- DUT Dutch (Nederlands) (Marike Lindhout) , "Naar het land waar oorlog woedt", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Victoria de Menil) , "To the country where war is waged", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
11. Sérénade  [sung text not yet checked]
Sur le balcon où tu te penches Je veux monter... efforts perdus ! Il est trop haut, et tes mains blanches N'atteignent pas mes bras tendus. Pour déjouer ta duègne avare, Jette [un collier, un ruban]1 d'or ; Ou des cordes de ta guitare Tresse une échelle, ou bien encor... Ôte tes fleurs, défais ton peigne, Penche sur moi tes cheveux longs, Torrent de jais dont le flot baigne Ta jambe ronde et tes talons. Aidé par cette échelle étrange, Légèrement je gravirai, Et jusqu'au ciel, sans être un ange, Dans les parfums je monterai !
Authorship
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "Sérénade", written 1841, appears in España, first published 1845 [author's text checked 1 time against a primary source]
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Žebřík lásky"
- ENG English (Barbara Miller) , "Serenade", copyright © 2004, (re)printed on this website with kind permission
1 Viardot-García : "un ruban, un collier"
Researcher for this text: John Versmoren
12. Absence  [sung text not yet checked]
Reviens, reviens, ma bien-aimée !
Comme une fleur loin du soleil,
La fleur de ma vie est fermée,
Loin de ton sourire vermeil.
Entre nos cœurs [tant de]1 distance ;
Tant d'espace entre nos baisers.
Ô sort amer! ô dure absence !
Ô grands désirs inapaisés !
D'ici là-bas que de campagnes,
Que de villes et de hameaux,
Que de vallons et de montagnes,
À lasser le pied des chevaux !
[ ... ]
Authorship
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "Absence", written 1838, appears in La Comédie de la Mort, Paris, Éd. Desessart, first published 1838 [author's text checked 2 times against a primary source]
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English [singable] (Samuel Byrne) , "Absence"
- ENG English (Emily Ezust) , copyright © 2015
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , copyright © 2010, (re)printed on this website with kind permission
- ITA Italian (Italiano) (Enrico Magnani) , "Assenza", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Théophile Gauthier, La comédie de la mort, Desessart editeur, Paris, 1838, page 283.
1 Berlioz: "quelle"2 Bizet, David, Lavigne: "nos"
3 Berlioz, Pedrell: "S'abbatre"
4 Lavigne: appears as the last line of this verse.
Research team for this text: Emily Ezust [Administrator] , Pierre Mathé [Guest Editor]
13. Mélancolie  [sung text not yet checked]
Dans un baiser, l'onde au rivage Dit ses douleurs: Pour consoler la fleur sauvage, L'aube a des pleurs; Le vent du soir conte sa plainte Aux vieux cyprès, La tourterelle au térébinthe Ses longs regrets. Aux flots dormants, quand tout repose, Hors la douleur, La lune parle, et dit la cause De sa pâleur. Ton dôme blanc, Sainte-Sophie, Parle au ciel bleu, Et, tout rêveur, le ciel confie Son rêve à Dieu. Arbre ou tombeau, colombe ou rose, Onde ou rocher, Tout, ici-bas, a quelque chose Pour s'épancher... Moi, je suis seul, et rien au monde Ne me répond, Rien que ta voix morne et profonde, Sombre Hellespont!
Authorship
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), appears in Poésies diverses, poésies nouvelles et inédites, poésies posthumes, in Poésies diverses 1838-1845, first published 1845 [author's text checked 1 time against a primary source]
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Emily Ezust) , no title, copyright © 2016
- ITA Italian (Italiano) (Ramona Gabriela Peter) , "Solo!", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
14. Chant du grillon  [sung text not yet checked]
Souffle, bise ! tombe à flots, pluie ! Dans mon palais, tout noir de suie, Je ris de la pluie et du vent ; En attendant que l'hiver fuie, Je reste au coin du feu, rêvant. C'est moi qui suis l'esprit de l'âtre ! Le gaz, de sa langue bleuâtre, Lèche plus doucement le bois ; La fumée, en filet d'albâtre, Monte et se contourne à ma voix. [ ... ] J'étouffe le bruit monotone du rouet qui grince et bourdonne ; J'impose silence au matou ; Les heures s'en vont, et personne N'entend le timbre du coucou. [ ... ]
Authorship
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), no title, appears in La Comédie de la Mort, in Chant du grillon, no. 1, first published 1838 [author's text checked 1 time against a primary source]
17. L'Ondine et le Pêcheur  [sung text not yet checked]
Tous les jours, écartant les roseaux et les branches, Près du fleuve où j'habite un pêcheur vient s'asseoir -- Car sous l'onde il a vu glisser des formes blanches -- Et reste là, rêveur, du matin jusqu'au soir. L'air frémit, l'eau soupire et semble avoir une âme, Un œil bleu s'ouvre et brille au cœur des nénufars, Un poisson se transforme et prend un corps de femme, Et des bras amoureux, et de charmants regards. « Pêcheur, suis-moi ; je t'aime. Tu seras roi des eaux, Avec un diadème D'iris et de roseaux ! « Perçant, sous l'eau dormante, Des joncs la verte mante, Auprès de ton amante Plonge sans t'effrayer : « À l'autel de rocailles, Prêt pour nos fiançailles, Un prêtre à mains d'écailles Viendra nous marier. « Pêcheur, suis-moi ; je t'aime. Tu seras roi des eaux, Avec un diadème D'iris et de roseaux ! » Et déjà le pêcheur a mis le pied dans l'onde Pour suivre le fantôme au regard fascinant : L'eau murmure, bouillonne et devient plus profonde, Et sur lui se ferme en tournant... « De ma bouche bleuâtre, Viens, je veux t'embrasser, Et de mes bras d'albâtre T'enlacer, Te bercer, Te presser ! « Sous les eaux, de sa flamme L'amour sait m'embraser. Je veux, buvant ton âme, D'un baiser M'apaiser, T'épuiser !... »
Authorship
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "L'Ondine et le Pêcheur", written 1841, appears in Poésies diverses, poésies nouvelles et inédites, poésies posthumes, in Poésies diverses 1838-1845 [author's text checked 1 time against a primary source]
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]18. Chanson d'avril  [sung text not yet checked]
Avril est de retour, La première des roses, De ses lèvres mi-closes, Rit au premier beau jour, La terre bien heureuse S'ouvre et s'épanouit ; Tout aime, tout jouit. Hélas ! j'ai dans le cœur une tristesse affreuse. Les buveurs en gaîté, Dans leurs chansons vermeilles, Célèbrent sous les treilles Le vin et la beauté ; La musique joyeuse, Avec leur rire clair S'éparpille dans l'air. Hélas ! j'ai dans le cœur une tristesse affreuse. En [déshabillés blancs]1 Les jeunes demoiselles S'en vont sous les tonnelles Au bras de leur [galants]2 ; La lune langoureuse Argente leurs baisers Longuement appuyés, Hélas ! j'ai dans le cœur une tristesse affreuse. Moi, je n'aime plus rien, Ni l'homme, ni la femme, Ni mon corps, ni mon âme, Pas même mon vieux chien. Allez dire qu'on creuse, Sous le pâle gazon Une fosse sans nom. Hélas ! j'ai dans le cœur une tristesse affreuse.
Authorship
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "Tristesse", written 1838, appears in La Comédie de la Mort, Paris, Éd. Desessart, first published 1838 [author's text checked 1 time against a primary source]
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , "Sadness", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
See also Albert Grimault's Angoisse !.
1 Fauré: "déshabillé blanc"2 Fauré: "galant"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]