[Mignonne, levés-vous, vous estes paresseuse]1, Ja la gay' Alouette au ciel a fredonné, Et ja le Rossignol [frisquement]2 jargonné, Dessus l'espine assis, sa complainte amoureuse. Debout donq, allon voir l'herbelette perleuse, Et vostre beau rosier de boutons couronné, Et voz oeillets aimés, ausquels [avés]3 donné Hyer au soir de l'eau, d'une main si songneuse. Hier en vous couchant, vous me fistes promesse D'estre plus tost que moy ce matin éveillée, Mais le sommeil vous tient encor toute sillée: [Ha!]4 je vous puniray du peché de paresse, Je vois baiser [cent fois vostr' oeil, vostre tetin, A fin de]5 vous aprendr' à vous lever matin.
40 Poèmes de Ronsard
by Théodore Gouvy (1819 - 1898)
1. Aubade  [sung text not yet checked]
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, appears in Continuation des Amours, no. 23, first published 1555 [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "My darling, get up, you are being lazy", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Delacrois: "Ma mie levez-vous vous êtes paresseuse" ; Gouvy: "Marie, levez vous ètes paressente"; Caby, Lacome d'Estalenx: "Marie, levez-vous, ma jeune paresseuse"; further changes may exist not shown above.
2 Boni, Maletty: "doucement"
3 Boni, Maletty: "aviez"
4 Castro: "Jan"
5 Boni, Maletty : "vos yeux et vostre beau tetin,/ Cent fois, pour"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
2. Prends cette rose  [sung text not yet checked]
Prends cette rose aimable comme toi, Qui sers de rose aux roses les plus belles, Qui sers de fleur aux fleurs les plus nouvelles, [Dont la senteur me ravit tout de moi]1. Prends cette rose, et ensemble reçoi Dedans ton sein mon coeur qui n'a point d'ailes : [Il est constant, et cent plaies cruelles N'ont empêché qu'il ne gardât sa foi]2. La rose et moi différons d'une chose : Un soleil voit naître et mourir la rose, Mille Soleils ont vu naître m'amour, [Dont l'action jamais ne se]3 repose. Que plût à Dieu que telle amour [enclose]4, Comme une fleur, ne m'eût duré qu'un jour.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Take this rose", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 de Maletty: "Qui sers de Muse aux Muses et à moy"
2 de Maletty: "Il vit blessé de cent plaies cruelles/ Opiniastr’ à garder trop de foy"
3 de Maletty: "Qui me consomme et jamais ne"
4 de Maletty: "esclose"
Researcher for this text: David Wyatt
3. Amour, amour, que ma maîtresse est belle  [sung text not yet checked]
[Amour, amour, que ma maîtresse est belle !]1 Soit que j'admire ou ses yeux mes seigneurs, Ou de son front la grâce et les honneurs, Ou le vermeil de sa lèvre jumelle. Amour, amour, que ma dame est cruelle ! Soit qu'un dédain rengrége mes douleurs. Soit qu'un dépit fasse naître mes pleurs, Soit qu'un refus mes plaies renouvelle. Ainsi le miel de sa douce beauté Nourrit mon cœur : ainsi sa cruauté D'un fiel amer aigrit toute ma vie : Ainsi repu d'un si divers repas, Ores je vis, ores je ne vis pas, Égal au sort des frères d'Œbalie.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Love, o Love, my mistress is so beautiful!", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Bertrand uses the first line of the alternative version, "Mon Dieu, mon Dieu, que ma maistresse est belle"; the rest is the same.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
4. Voici le bois  [sung text not yet checked]
Voici le bois que ma sainte Angelette Siur le printemps réjouit de son chant : Voici les fleurs où son pied va marchant Quand à soi même elle pense seulette. Voici la prée et la rive mollette , Qui prend vigueur de sa main la touchant Quand pas à pas en son sein va cachant Le bel émail de l'herbe nouvelette. Ici chanter, là pleiurer je la vis , Ici sourire, et là je fus ravi De ses discours par lesquels je desvie : Ici s'asseoir, là je la vis danser : Sur le métier d'un si vague penser, Amour ourdit les trames de ma vie.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text checked 1 time against a primary source]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Here is the wood", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
5. Je compare à ta jeune beauté  [sung text not yet checked]
Je [parangonne]1 à ta jeune beauté. Qui toujours dure en son printemps nouvelle. Ce mois d'avril qui ses fleurs renouvelle, En sa plus gaie et verte nouveauté. Loin devant toi [fuira]2 la cruauté : Devant lui fuit la saison plus cruelle. Il est tout beau, ta face est toute belle : Ferme est son cours, ferme est ta loyauté : Il peint les [bords, les forêts et les plaines]3, Tu peins mes vers d'un [bel émail de fleurs : Des laboureurs il arrose les peines]4, [D'un vain espoir tu laves mes douleurs : Du ciel sur l'herbe il fait tomber les pleurs]5, Tu fais sortir de mes yeux deux fontaines.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "I compare with your young beauty", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Gouvay: "compare"; further changes may exist not noted above.
2 Bertrand: "s'en fuyt"
3 Bertrand: "champs de dix mille couleurs"
4 Bertrand: "long émail de fleurs :/ D’un doux Zefyr il fait onder les plaines"
5 Bertrand: "Et toy mon cœur d’un soupir larmoyant :/ D’un beau cristal son front est rosoyant"
Researcher for this text: David Wyatt
6. Amour me tue  [sung text not yet checked]
Amour me tue, et si je ne veus dire Le plaisant mal que ce m'est de mourir: Tant j'ay grand peur, qu'on [veuille]1 secourir [Le mal, par qui doucement]2 je soupire. Il est bien vray, que ma langueur desire Qu'avec le tans je me puisse guerir: Mais je ne veus ma dame requerir Pour ma santé: tant me plait mon martire. Tay toy langueur: je sen venir le jour, Que ma maistresse, après si loing sejour, Voyant le soing qui ronge ma pensée, Tout' une nuict, folatrement m'aiant Entre ses bras, prodigu', ira paiant Les interés de ma pein' avancée.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, appears in Les Amours (1553), no. 5, first published 1553 [author's text checked 2 times against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) , "Love is slaying me", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
1 Bertrand, Maletty: "voulust"
2 Bertrand, Maletty: "Ce doux tourment pour lequel"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
7. Que dites-vous, que faites-vous, mignonne  [sung text not yet checked]
Que dites-vous, que faites-vous, mignonne? Que songez-vous? pensez-vous point en moi? Avez-vous point souci de mon émoi, Comme de vous le souci m'époinçonne? De votre amour tout le coeur me bouillonne, Devant mes yeux sans cesse je vous voi, Je vous entends absente, je vous oi, Et mon penser d'autre amour ne résonne. J'ai vos beautés, vos grâces et vos yeux Gravés en moi, les places et les lieux, Où je vous vis danser, parler et rire. Je vous tiens mienne, et si ne suis pas mien: En vous je vis, je m'anime et respire, Mon tout, mon coeur, mon sang et tout mon bien.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "What are you saying? What are you doing, my darling?", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
8. Quand je pense à ce jour  [sung text not yet checked]
Quand je pense à ce jour, où pres d'une fonteine Dans le jardin royal savourant ta douceur, Amour te descouvrit les segrets de mon cœur, Et de combien de maux j'avois mon ame pleine: Je me pasme de joye, et sens de veine en veine Couler ce souvenir, qui me donne vigueur, M'aguise le penser, me chasse la langueur, Pour esperer un jour un fin à ma peine. Mes sens de toutes parts se trouverent contens, Mes yeux en regardant la fleur de ton Printems, L'oreille en t'escoutant: et sans ceste compagne, Qui tousjours noz props tranchoit par le milieu, D'aise au ciel je volois, et me faisois un Dieu: Mais tousjours le plaisir de douleur s'accompagne.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "When I think of that day", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
9. À Corydon  [sung text checked 1 time]
Je veux, me souvenant de ma gentille amie, Boire ce soir, boire d'autant, et pour ce, Corydon, Fais remplir mes flacons, et verse à l'abandon, Verse du vin pour réjouir toute la compagnie. [ ... ] Apporte ces bouquets que tu m'avais cueillis, Ces roses, ces jasmins, ces œillets et ces lys, Attache une couronne à l'entour de ma tête. Soit que ma mie ait nom ou Cassandre ou Marie, Neuf fois je m'en vais boire aux lettres de son nom. Et toi, si de ta belle et jenue Madelon, Ami, l'amour te point, je te prie [ne l'oublie.]1 [ ... ] Gagnons, gagnons ce jour ici, trompons notre trépas, Peut-être que demain nous ne reboirons pas. S'attendre au lendemain n'est pas chose si prête.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title [author's text checked 1 time against a primary source]
Go to the single-text view
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
1 Gouvy: "ne l'oublie, Corydon, ne l'oubie !"
Research team for this text: David Wyatt , Andrew Schneider [Guest Editor]
10. Je meurs, hélas  [sung text not yet checked]
Je [meurs, Paschal]1, quand je la vois si belle Le front si beau, et la bouche et les yeux, Yeux le [logis]2 d'amour victorieux Qui m'a blessé d'une flèche nouvelle. Je n'ai ni sang, ni veine, ni moelle, Qui ne se change : et me semble qu'aux cieux Je suis ravi, assis entre les dieux, Quand le bonheur me conduit auprès d'elle. Ah ! que ne suis-je en ce monde un grand roi ! Elle serait [ma reine]3 auprès de moi : Mais n'étant rien, il faut que je m'absente De sa beauté, dont je n'ose approcher Que d'un regard transformer je ne sente Mes yeux en fleuve et mon cœur en rocher.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "I die, Paschal, when I see her looking so lovely", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
1 Bertrand: "meurs helas"
2 Bertrand: "sejour"
3 Bertrand: "toujours"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
11. Le rossignol  [sung text not yet checked]
Ô ma belle maistresse! à tous les moins prenez De moy [vostre]1 servant ce Rossignol en cage, Il est mon prissonnier, et je [vis]2 en servage [De]3 vous qui sans mercy en prison me tenez. Allez donc Rossignol en sa chambre, et sonnez Mon dueil à son aureille avec vostre ramage. Et s'il vous est possible esmouvez son courage A me faire merci puis vous en revenez. Non ne venez point, que feriez vous chez moy? Sans aucun reconfort vous languiriez d'esmoy : Un prisonnier ne peut un autre secourir. Je n'ay pas Rossignol sur vostre bien envie; Seulement je me hay et me plains de ma vie, Qui languit en prison et si [n'y]4 peut mourir.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, appears in Pièces retranchées, no. 29 [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "O my fair mistress", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Millot: "notre"
2 Millot: "suis"
3 Boni, Millot: "Sous"
4 Boni: "ne"
Researcher for this text: David Wyatt
12. Je ne saurais aimer autre que vous  [sung text not yet checked]
Je ne saurois aimer autre que vous, Non, Dame, non, je ne saurois le faire: Autre que vous ne me sauroit complaire, Et fust Venus descendue entre nous. Vos yeus me sont si gracieus et dous, Que d'un seul clin ils me peuvent defaire, D'un autre clin tout soudain me refaire, Me faisans vivre ou mourir en deux coups. Quand je serois cinq cens mille ans en vie, Autre que vous, ma mignonne [m'amie]1, Ne me feroit amoureus devenir. Il me faudroit refaire d'autres venes, Les miennes sont de vostre amour si plenes, Qu'un autre amour n'y sauroit plus tenir.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, appears in Continuation des Amours, no. 28, first published 1555 [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) , "I wouldn't know how to love any but you", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (John Glenn Paton) , copyright © 2011, (re)printed on this website with kind permission
1 Bertrand: "ma vie"
Researcher for this text: John Glenn Paton [Guest Editor]
13. Le bouquet  [sung text not yet checked]
Je vous envoie un bouquet, que ma main Vient de trier de ces fleurs épanies, Qui ne les eut à ces vêpres cueillies, [Tombées]1 à terre elles fussent demain. Cela vous soit un exemple certain, Que vos beautés, bien qu'elles soient fleuries, En peu de temps, seront toutes flétries, Et, comme fleurs, périront tout soudain. Le temps s'en va, le temps s'en va ma Dame, Las ! le temps non, mais nous nous en allons, Et tôt serons étendus sous la lame, Et des amours, desquelles nous parlons Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle : [Donc, aimez-moi]2, cependant qu'êtes belle.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Sonnet à Marie", written 1555?, appears in Continuation des Amours, no. 35 [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Leguerney: "Chutes"
2 Leguerney: "Pour ce aimez-moi"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
14. À Hélène  [sung text checked 1 time]
L'an se rajeunissait en sa verte jouvence, Quand je m'épris de vous, mon Hélène cruelle. Seize ans étaient la fleur de votre âge nouvelle, Et votre teint sentait encore son enfance. Vous aviez d'un enfant encor la contenance, La parole et les pas, votre bouche était belle, Votre front et vos mains, digues d'une immortelle, Votre œil qui me fait mourir, quand j'y pense. Amour, qui ce jour là si grandes beautés vit, Sur un marbre en mon cœur d'un trait les écrivit. Et si pour ce jourd'hui vos beautés si parfaites. Ne sont comme autrefois, je n'en suis moins ravi ; Ah ! je n'ai pas égard à ce que vous êtes, Mais au doux souvenir des beautés que je vis.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text not yet checked against a primary source]
See other settings of this text.
Researcher for this text: Johann Winkler15. Chanson  [sung text not yet checked]
Quand ce beau Printemps je vois, J'aperçois Rajeunir la terre et l'onde Et me semble que le jour, Et l'Amour, Comme enfants naissent au monde. Le jour qui plus beau se fait, Nous refait Plus belle et verte la terre, Et Amour armé de traits Et d'attraits, [Dans]1 nos coeurs nous fait la guerre. Il répand de toutes parts Feux et dards Et dompte sous sa puissance Hommes, bestes et oiseaux, Et les eaux Lui [rendent]2 obeïssance. Vénus avec son enfant Triomphant, Au haut de son coche assise, Laisse ses cygnes voler Parmi l'air Pour aller voir son Anchise. Quelque part que ses beaux yeux Par les cieux Tournent leurs lumières belles, L'air qui se montre serein Est tout plein D'amoureuses étincelles. Puis en descendant à bas Sous ses pas Croissent mille fleurs écloses; Les beaux lis et les oeillets Vermeillets Y naissent entre les roses. Je sens en ce mois si beau Le flambeau D'Amour qui m'échauffe l'âme, Y voyant de tous côtés Les beautés Qu'il emprunte de ma Dame. Quand je vois tant de couleurs Et de fleurs Qui émaillent un rivage, Je pense voir le beau teint Qui est peint Si vermeil en son visage. Quand je vois les grand rameaux Des ormeaux Qui sont lacés de lierre, Je pense être pris és lacs De ses bras, Et que mon col elle serre. Quand j'entends la douce voix Par les bois Du gai rossignol qui chante, D'elle je pense jouir Et ouïr Sa douce voix qui m'enchante. Quand Zéphyre mène un bruit Qui se suit Au travers d'une ramée, Des propos il me souvient Que me tient La bouche de mon aimée. Quand je vois en quelque endroit Un pin droit, Ou quelque arbre qui s'élève, Je me laisse décevoir, Pensant voir Sa belle taille et sa grève. Quand je vois dans un jardin, Au matin, S'éclore une fleur nouvelle, J'accompare le bouton Au teton De son beau sein qui pommelle. Quand le Soleil tout riant D'Orient Nous montre sa blonde tresse, Il me semble que je voi Près de moi Lever ma belle maîtresse. Quand je sens parmi les prés Diaprés Les fleurs dont la terre est pleine, Lors je fais croire à mes sens Que je sens La douceur de son haleine. Bref, je fais comparaison, Par raison, Du printemps et de m'amie; Il donne aux fleurs la vigueur, Et mon coeur D'elle prend vigueur et vie. Je voudrais au bruit de l'eau D'un ruisseau, Déplier ses tresses blondes, Frisant en autant de noeuds Ses cheveux. Que je verrais friser d'ondes. Je voudrois, pour la tenir, Devenir Dieu de ces forêts désertes, La baisant autant de fois Qu'en un bois Il y a de feuilles vertes. Hà! maîtresse, mon souci, Viens ici, Viens contempler la verdure! Les fleurs de mon amitié Ont pitié, Et seule tu n'en as cure. Au moins lève un peu tes yeux Gracieux, Et vois ces deux colombelles, Qui font naturellement, Doucement L'amour du bec et des ailes. Et nous, sous ombre d'honneur, Le bonheur Trahissons par une crainte: Les oiseaux sont plus heureux Amoureux, Qui font l'amour sans contrainte. Toutefois ne perdons pas Nos ébats Pour ces lois tant rigoureuses; Mais, si tu m'en crois, vivons, Et suivons Les colombes amoureuses. Pour effacer mon émoi, Baise-moi, Rebaise-moi, ma Déesse! Ne laissons passer en vain Si soudain Les ans de notre jeunesse.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Chanson" [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "When I see the fair Springtime", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Eben, Escher: "En"
2 Auric: "jurent"
Research team for this text: Jeroen Scholten , Malcolm Wren [Guest Editor]
16. La Marguerite  [sung text not yet checked]
En mon ame n'est ecrite La Rose, ni autre fleur ; C'est toy, belle Marguerite, Par qui j'ay cette couleur. N'es-tu celle dont les yeux Ont surpris Par un regard gracieux Mes espris ? Puis que ta sœur de haut pris, Ta sœur pucelle d'elite, N'est cause de ma douleur, C'est donc pour toy, Marguerite, Que je pris ceste couleur. Un soir ma fievre naquit, Quand mon cœur Pour maistresse te requit : Mais Rigueur D'une amoureuse langueur Soudain paya mon merite, Me donnant ceste paleur Pour t'aimer trop, Marguerite, Et ta vermeille couleur. Hé ! quel charme pourroit bien Consumer Le souci qui s'est fait mien Pour aimer ? De mon tourment si amer La jouissance subite Seule outeroit le malheur Que me donna Marguerite Par qui j'ay cette couleur.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "La marguerite" [author's text checked 1 time against a primary source]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Daisy", copyright © 2014, (re)printed on this website with kind permission
17. Rossignol, mon mignon  [sung text not yet checked]
Rossignol mon mignon, qui [dans]1 cette saulaie Vas seul de branche en branche à [ton gré]2 voletant, [Degoisant à l'envie]3 de moi qui vais chantant Celle [qui faut]4 toujours que dans la bouche j'aie. Nous soupirons tous deux; ta douce voix s'essaie [De flechir celle-là, qui te va tourmentant, Et moi, je suis aussi cette-là regrettant]5 Qui m'a fait dans le coeur une si aigre plaie. Toutefois, [Rossignol]6, nous différons d'un point C'est que tu es aimé, et je ne le suis point, Bien que tous deux ayons les Musiques pareilles: Car tu fléchis t'amie au doux bruit de tes sons, Mais la mienne qui prend à dépit mes chansons Pour ne les écouter se bouche les oreilles.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) , "Fair nightingale", copyright © 2005, (re)printed on this website with kind permission
1 Boni, Maletty, Rivier: "par"
2 Rivier: "jamais"
3 Boni, Maletty, Rivier, Roussel: "Et chantes à l'envie"; Le Jeune: "Et chantes à l'ennuy"
4 Maletty: "qui fait" ; Rivier, Roussel: "qu'il faut"
5 Boni, Maletty, Rivier: "De sonner les amours d'une qui t'aime tant,/ Et moi triste je vais la beauté regrettant" ; Le Jeune: "A sonner l'amitie d'une qui t'aime tant,/ Et moi triste je vais la beauté regrettant"; Roussel: "De sonner l'amitié d'une qui t'aime tant,/ Et moi triste je vais la beauté regrettant"
6 Boni, Ronsard: "mon mignon"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
18. À Marie  [sung text not yet checked]
Marie, qui voudroit vostre beau nom tourner, Il trouveroit Aimer: aimez-moi donq, Marie, Faites cela vers moi dont vostre nom vous prie, Vostre amour ne se peut en meilleur lieu donner: S'il vous plaist pour jamais un plaisir demener, Aimez-moi, nous prendrons les plaisirs de la vie, Penduz l'un l'autre au col, et jamais nulle envie D'aimer en autre lieu ne nous pourra mener. Si faut il bien aimer au monde quelque chose: Cellui qui n'aime point, cellui-là se propose Une vie d'un Scyte; et ses jours veut passer Sans gouster la douceur des douceurs la meilleure. E, qu'est-il rien de doux sans Venus? las! à l'heure Que je n'aimeray point puissai-je trépasser!
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), appears in Continuation des Amours, no. 7, first published 1555 [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Marie, anyone who tried mixing up your lovely name", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
Marie, qui voudrait votre beau nom tourner, Il trouverait Aimer : aimez-moi donc, Marie, Faites cela vers moi dont votre nom vous prie, Votre amour ne se peut en meilleur lieu donner. S'il vous plaît pour jamais un plaisir demener, Aimez-moi, nous prendrons les plaisirs de la vie, Pendus l'un l'autre au col, et jamais nulle envie D'aimer en autre lieu ne nous pourra mener. Si faut-il bien aimer au monde quelque chose : Celui qui n'aime point, celui-là se propose Une vie d'un Scythe, et ses jours veut passer Sans goûter la douceur des douceurs la meilleure. Eh, qu'est-il rien de doux sans Vénus ? las ! à l'heure Que je n'aimerai point, puissé-je trépasser !
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
19. L'attrait de tes beaux yeux  [sung text not yet checked]
Contre mon gré l'atrait de tes beaus yeus Donte mon cœur, mais quand je te veus dire Quell'est ma mort, tu ne t'en fais que rire, Et de mon mal tu as le cœur joïeus. Puis qu'en t'aimant je ne puis avoir mieus, Soufre du moins que pour toi je soupire: Assés et trop ton bel oeil me martire, Sans te moquer de mon mal soucieus. Moquer mon mal, rire de ma douleur, Par un dedain redoubler mon malheur, Haïr qui t'aime, et vivre de ses pleintes, Rompre ta foi, manquer [de]1 ton devoir, Cela, cruelle, [et]2 n'est-ce pas avoir Tes mains de sang, et d'homicide teintes?
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), appears in Les Amours (1553), no. 2, first published 1553 [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Against my wish", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Boni: "à"
2 Boni: "hé"
Text as set by Regnard:
Contre mon gré, l'attrait de tes beaux yeux Dompte mon coeur, mais quand je te veux dire Quelle est ma mort, tu ne t'en fais que rire, Et de mon mal to as le coeur joyeux. Puisqu'en t'aimant je ne puis avoir mieux, Souffre du moins que pour toi je soupire. Assez et trop ton bel oeil me martyre Sans te moquer de mon mal soucieux.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
20. Vous méprisez nature  [sung text not yet checked]
Vous méprisez nature: êtes-vous si cruelle De ne vouloir aimer? voyez les passereaux Qui démènent l'amour, [voyez les colombeaux, Regardez le ramier,]1 voyez la tourterelle. Voyez déça, delà, d'une frétillante aile Voleter par les bois les amoureux oiseaux, Voyez la jeune vigne embrasser les ormeaux, Et toute chose rire en la saison nouvelle. Ici la bergerette en tournant son fuseau Dégoise ses amours, et là le pastoureau Répond à sa chanson; ici toute chose aime, Tout parle d'amour, tout s'en veut enflammer. Seulement votre coeur froid d'une glace extrême Demeure opiniâtre et ne veut pas aimer.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (David Wyatt) , "You despise nature", copyright © 2014, (re)printed on this website with kind permission
1 omitted by Bizet (?)
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
21. Quand vous serez bien vieille  [sung text not yet checked]
Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise aupres du feu, devidant et filant, Direz, chantant mes vers, en vous esmerveillant, Ronsard me celebroit du temps que j'estois belle. Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Desja sous le labeur à demy sommeillant, Qui au bruit de Ronsard ne s'aille resveillant, Benissant vostre nom de louange immortelle. Je seray sous la terre, et fantaume sans os : Par les ombres Myrtheux je prendray mon repos. Vous serez au fouyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour, et vostre fier desdain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dés aujourd'huy les roses de la vie.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, appears in Le Second Livre des Sonnets pour Hélène, no. 24 [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Humbert Wolfe) , no title, first published 1934
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Pflücke die Rosen, so lange du kannst", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
See also Yeats' free adaptation, When you are old.
Huberti and Swithinbank use this version with (partially) modernized spelling:
Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz, chantant mes vers, [en]1 vous émerveillant: Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demy sommeillant, Qui au bruit de [Ronsard]2 ne s'aille réveillant, Bénissant vôtre nom de louange immortelle. Je seray sous la terre, et fantôme sans os : Par les ombres myrteux je prendrai mon repos; Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour, et vôtre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'huy les roses de la vie.1 Huberti: "et" [sic]
2 Swithinbank: "mon nom"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
22. Regrets  [sung text not yet checked]
Ah Mort, en quel estat maintenant tu me changes ! Pour enrichir le ciel tu m’as seul apauvry, Me desrobant les yeux desquels j’estois nourry, Qui nourrissent là hault les astres et les anges. Entre pleurs et souspirs, entre pensers estranges, Entre le desespoir tout confus et marry, Du monde et de moy-mesme et d’Amour je me ry, N’ayant autre plaisir qu’à chanter tes louanges. Helas ! tu n’es pas morte, hé ! c’est moy qui le suis. L’homme est bien trespassé, qui ne vit que d’ennuis, Et des maux qui me font une eternelle guerre. Le partage est mal fait, tu possedes les cieux, Et je n’ay, mal-heureux, pour ma part que la terre, Les soupirs en la bouche, et les larmes aux yeus.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title [author's text checked 1 time against a primary source]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
23. Le poète à son livre  [sung text checked 1 time]
Cesse tes pleurs, mon livre, il n'est pas ordonné Du destin que moi vif, tu sois riche de gloire. Avant que l'homme passe outre la rive noire, L'honneur de son travail ne lui est point donné. Prends, mon livre, prends cœur, la vertu précieuse De l'homme, quand il vit, est toujours odieuse ; Après qu'il est absent, chacun le pense un Dieu. La rancueur nuit toujours à ceux qui sont en vie, Sur les vertus d'un mort elle n'a plus de lieu, Et la postérité rend l'homme sans envie.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text not yet checked against a primary source]
24. Page, suis-moi  [sung text not yet checked]
[ Page suy moy: par l'herbe plus espesse ; Fausche l'esmail ]1 de la verte saison, Puis à plein poing en-jonche la maison Des fleurs qu'avril enfante en sa jeunesse. Despen du croc ma lyre chanteresse : Je veux charmer, si je puis, la poison Dont un bel œil enchanta ma raison Par la vertu d'une oeillade maistresse. Donne-moy l'encre et le papier aussi : En cent papiers, tesmoins de mon soucy, Je veux tracer la peine que j'endure; En cent papiers plus durs que diamant, Afin qu'un jour nostre race future Juge du mal que je souffre en aimant.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Page, suis moi" [author's text checked 1 time against a primary source]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Page, follow me", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 variant: "Fauche, garcon, d'une main pilleresse, / Le bel esmail"
Researcher for this text: David Wyatt
25. Que vous ai-je fait ?  [sung text checked 1 time]
Dites, maitresse, hé ! que vous ai-je fait ? Et pourquoi, las ! m'êtes vous si cruelle ? Ai-je failli de vous être fidèle ? Ai-je envers vous commis quelque forfait ? Certes jamais, car plutôt que de faire Chose qui dût tant soit peu vous déplaire, J'aimerais mieux le trépas encourir ! Ah ! je vois bien, que vous brûlez d'envie De me tuer ; faites-moi donc mourir, Puisqu'il vous plait, car à vous est ma vie.
The text shown is a variant of another text. [ View differences ]
It is based on
- a text in French (Français) by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title
Go to the single-text view
Researcher for this text: Johann Winkler26. Chanson, voici le jour  [sung text not yet checked]
Chanson, voici le jour Ou celle la qui la terre decore, Et que mon oeil idolatre, & adore, Vint en ce beau sejour. Le ciel d'amour ataint Ardant de voir tant de beautés l'admire, Et se courbant desus sa face, mire Tout l'honneur de son taint. Car les divins flambeaus, Grandeur, vertu, les amours, & les graces Lui firent don quand ell'vint en ces places De leurs presens plus beaus, Affin que par ses yeus Tout l'imparfait de ma jeunesse folle Fust corrigé, & qu'elle fust l'idole Pour m'avoier au mieus. Heureus jour retourné, A tout jamais j'aurai de toi memoire, Et d'an, en an, je chanterai la gloire De l'honneur en toi né. Sus page vistement Donne ma lire, affin que sur sa chorde D'un pouce dous je marie & accorde Ce beau jour sainctement. Sème par la maison Tout le tresor des prez & de la pleine, Le lis, la rose, & cela dond est pleine La nouvelle saison : Et crie au temple aussi, Que le soleil ne vit oncques journée Qui fust de gloire, & d'honneur tant ornée Comme il voit ceste ci.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text checked 1 time against a primary source]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "My song, today's the day", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
27. Bonjour  [sung text not yet checked]
Bonjour mon cœur Bonjour mon cœur, Bonjour ma douce vie, Bonjour mon œil Bonjour ma chere amie! Hé! bonjour, ma toute belle, Ma mignardise, Bonjour, mes délices, Mon amour, Mon doux printemps, Ma douce fleur nouvelle, Mon doux plaisir, Ma douce colombelle, Mon passereau, ma gente tourterelle! Bonjour ma douce rebelle. Je veux mourir Si plus on me reproche Que mon service Est plus froid qu'une roche, De t'avoir laissé maistresse Pour aller suivre le roy [Et chercher]1 je ne sçay quoy Que le vulgaire Appelle une largesse. Plustoste perisse honneur, Cour et richesse, Que pour les biens Jamais je te relaisse, Ma douce et belle deesse.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) (David Wyatt) , "Hail, my heart", copyright © 2001, (re)printed on this website with kind permission
1 de Monte: "Mandiant"
Researcher for this text: David Wyatt
28. Adieu  [sung text checked 1 time]
Comment, en vous quittant, adieu pourrais-je dire ? J'y songe à peine, hélas ! que déjà je me pâme. Adieu, ma chère vie, adieu, ma seconde âme, Adieu, mon cher souci, pour qui seul je soupire, Adieu, le bel objet de mon plaisant martyre, Adieu, bel œil divin, qui me glace et m'enflamme, Adieu, mon doux tourment, adieu, ma douce flamme, Adieu, par qui je vis et par qui je respire. Adieu, ma belle, honnête et gentille maitresse, Adieu, les doux lieus, où vous m'avez tenu, Tantôt dans le tourment et tantôt dans l'ivresse : Il est temps de partir, le jour en est venu ; Je vous conjure ici, par Amour, notre Dieu, De conserver mon cœur, tenez, tenez, maitresse, Le voilà, gardez-le. Votre main, puis adieu !
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text not yet checked against a primary source]
See other settings of this text.
Researcher for this text: Johann Winkler29. Le doux sommeil  [sung text checked 1 time]
Le doux sommeil, qui toute chose appaise,
N'appaise point le [mal]1 qui m'a ravi.
En vous je meurs, en vous seule je vis,
Ne voyant rien, si non vous qui me plaise.
[Vos yeux au coeur m'ont allumé la flamme,
Un feu toujours depuis m'a poursuivi,
Et dès le jour que pleurer je vous vis,
Je meurs pour vous, et à vous est mon âme.]2
[ ... ]
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text not yet checked against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Laura L. Nagle) (David Wyatt) , "Sweet slumber", copyright © 2006, (re)printed on this website with kind permission
1 de Monte: "soing"
2 de Monte:
Vos yeux au Coeur m’ont jetté telle braize Qu’un feu treschaut s’est depuis ensuivy, Et des le jour qu’en dansant je vous vy, Je meurs pour vous et si suis bien ayze.
Research team for this text: John Glenn Paton [Guest Editor] , David Wyatt
30. Verse sans fin  [sung text not yet checked]
[Corydon,] verse sans fin Dedans mon verre du vin, Afin qu'endormir je face Un procés qui me tirace Le coeur et l'ame plus fort Qu'un limier un sanglier mort. Après ce procés ici Jamais peine ne souci, Ne feront que je me dueille: Aussi bien, vueille ou non vueille, Sans faire icy long sejour Il faut que je meure un jour. Le long vivre me déplaist: Mal-heureux l'homme qui est Accablé de la vieillesse! Quand je perdray la jeunesse, Je veux mourir tout soudain, Sans languir au lendemain. Ce-pendant verse sans fin Dedans mon verre du vin, Afin qu'endormir je face Un procés qui me tirace Le coeur et l'ame plus fort Qu'un limier un sanglier mort.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Verse sans fin" [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Pour unendingly", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
31. Chère vesper, lumière dorée  [sung text not yet checked]
Chère vesper, lumière dorée De la belle Vénus Cytherée, Vesper dont la belle clarté luit Autant sur les astres de la nuit Que reluit par dessus toy la lune ; Ô claire image de la nuict brune, En lieu du beau croissant tout ce soir Donne lumière, et te laisse choir Bien tard dedans ta marine source. Je ne veux, larron, oster la bourse A quelque amant, ou, comme un meschant Voleur, dévaliser un marchant ; Je veux aller outre la rivière Voir m'amie : mais sans ta lumière Je ne puis mon voyage achever. Sors doncques de l'eau pour te lever, Et de ta belle nuitale flame Esclaire au feu d'amour qui m'enflame.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text checked 1 time against a primary source]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Dear evening star, golden bright", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
32. Du grand Turc je n'ai souci  [sung text not yet checked]
Du grand Turc je n'ai souci, Ni du grand Soudan aussi; L'or ne maîtrise ma vie, Aux Rois je ne porte envie; [J'ai souci tant seulement De parfumer cointement Ma barbe,]1 et qu'une couronne De fleurs le chef m'environne. Le soin de ce jour me point, Du demain je n'en ai point. Qui, bons Dieux! pourrait connaître Si un lendemain doit être? Vulcain, en faveur de moi, Je te pri', dépêche-toi De me tourner une tasse, Qui de profondeur surpasse Celle du vieillard Nestor; Je ne veux qu'elle soit d'or, Sans plus fais-la-moi de chêne, Ou de lierre, ou de frêne. Ne m'engrave point dedans Ces grands panaches pendants, Plastrons, morions, ni armes: Qu'ai-je souci des alarmes, Des assauts ou des combats? Aussi ne m'y grave pas Ni le Soleil, ni la Lune, Ni le jour, ni la nuit brune, Ni les Astres radieux: Et quel soin ai-je des cieux, De leurs Ours, de leur Charrette? D'Orion ou de Boète? Mais peins-moi, je te supplie, D'une treille le repli Non encore vendangée; Peins une vigne chargée De grappes et de raisins; Peins-y des fouleurs de vins, Le nez et la rouge trogne D'un Silène et d'un ivrogne.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, appears in L'inspiration anacréontique , no. 2 [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "I don't care about the Grand Turk", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Leguerney: "Je n'ai souci que d'aimer/ Moi-même, et me parfumer/ D'odeurs" ; further changes may exist not noted above.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
33. Dieu vous garde, messagers fidèles  [sung text not yet checked]
Dieu vous gard', messagers fidèles Du Printemps, gentes hirondelles, Huppes, coucous, rossignolets, Tourtres, et vous oiseaux sauvages Qui de cent sortes de ramages Animez les bois verdelets. Dieu vous gard', belles pâquerettes, Belles roses, belles fleurettes, [De Mars, et vous boutons]1 connus Du sang d'Ajax et de Narcisse, Et vous thym, anis et mélisse, Vous soyez les bien revenus. Dieu vous gard', troupe diaprée [De]2 papillons, qui par la prée Les douces herbes suçotez; Et vous, nouvel essaim d'abeilles, Qui les fleurs jaunes et vermeilles [Indifferemment]3 baisotez. Cent mille fois je resalue Votre belle et douce venue. Ô que j'aime cette saison Et ce doux caquet des rivages, Au prix des vents et des orages Qui m'enfermaient en la maison!
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) , no title, copyright © 2002, (re)printed on this website with kind permission
1 Milhaud: "Et vous boutons jadis"
2 Milhaud: "Des"
3 Milhaud: "De votre bouche"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
34. Lorsque Bacchus entre chez moi  [sung text not yet checked]
Lors que Bacchus entre chez moy Je chasse incontinent l'esmoy, Et ravi d'esprit il me semble Qu'en mes bougettes j'ay plus d'or, Plus d'argent, et plus de tresor Que Mide, ny que Crœse ensemble. Je ne veux rien sinon tourner Par la danse, et me couronner Le chef d'un tortis de lierre : Je foule en esprit les honneurs, Et les estats des grands Seigneurs À coups de pied j'escraze à terre. Page, verse du vin nouveau, Arrache-moy hors du cerveau Le soin, par qui le cœur me tombe. Verse donc pour me l'arracher : Il vaut mieux yvre se coucher Dans le lict, que mort dans la tombe.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text checked 1 time against a primary source]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "When Bacchus possesses me", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
Note: the third stanza seems to be a variant of the second stanza of Ores que je suis dispos.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
35. À Cassandre  [sung text not yet checked]
Mignonn', allon voir si la rose Qui ce matin avoit declose Sa robe de pourpr' au soleil, A point perdu, cette vesprée, Le plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las, voyés comm' en peu d'espace, Mignonn', ell' a dessus la place, Las, las, ses beautés laissé cheoir! Ô vrayement maratre nature, Puis qu'une telle fleur ne dure, Que du matin jusques au soir! Donc, si vous me croiés, mignonne: Tandis que vostr' age fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillés, cueillés vostre jeunesse, Comm' à cette fleur, la viellesse Fera ternir vostre beauté.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "À Cassandre" [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) , "Mignonne", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
Modernized version (used by Chaminade, Manduell, Wagner, and perhaps others):
Mignonne, allons voir si la rose, Qui ce matin avait desclose Sa robe de pourpre au soleil, N'a point perdu cette vesprée Les plis de sa robe pourprée Et son teint au vôtre pareil. Las! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a, dessus la place, Las! Las! ses beautés laissé cheoir! Ô vraiment marâtre nature, Puisqu'une telle fleur ne dure, Que du matin jusques au soir! [Or donc, écoutez-moi,]1 Mignonne, Tandis que votre âge fleuronne [En]2 sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse: [Comme à cette fleur la vieillesse Fera ternir votre beauté.]31 Chaminade, Manduell: "Donc, si vous m'en croyez" (So if you believe me)
2 Chaminade: "Dans"
3 Manduell: "Comme à ceste fleur la vieillesse/ Fera ternir vostre beauté."
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
36. Fais rafraîchir le vin  [sung text not yet checked]
[Fais rafraîchir mon]1 vin de sorte qu'il [passe en froideur un]2 glaçon; fais venir Jeanne, qu'elle apporte son luth pour dire une chanson; nous ballerons tous trois au son, et dis à Barbe qu'elle vienne, les cheveux tors à la façon d'une folâtre Italienne. Ne vois-tu que le jour se passe? Je ne vis point au lendemain; Page, reverse dans ma tasse, [que ce grand verre soit]3 tout plein. Maudit soit qui languit en vain! [Ces vieux médicins]4 je n'appreuve; [mon]5 cerveau n'est jamais bien sain [si beaucoup de vin ne l'abreuve.]6
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585) [author's text not yet checked against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , "To his page", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission
1 Leguerney: "Rafraîchis-moi le"
2 Leguerney: "soit aussi frais qu'un"
3 Leguerney: "remplis-moi ce verre"
4 Leguerney: "Les Philosophes"
5 Leguerney: "le"
6 Leguerney: "Que l'Amour et le vin n'abreuve."
Researcher for this text: LaDonna Manternach
37. Versons ces roses près ce vin  [sung text checked 1 time]
Versons ces roses en ce vin, En ce bon vin versons ces roses, Et buvons l'un à l'autre, afin Qu'au cœur nos tristesses encloses, En buvant prennent quelque fin. La belle rose du printemps, En ce monde avertit les hommes passer joyeusement le tems, Et pendant que jeunes nous sommes, ébattre gaiment la fleur de no sans. Tout ainsi que la rose défleurit Fanée en une matinée, Ainsi notre âge se flétrit. Hélas! En moins d'une journée, Déjà, le printems d'un home périt. Pour ce, versons, amis, versons. Versons ces roses en ce vin, En ce bon vin versons ces roses, Et buvons l'un à l'autre, afin Qu'au cœur nos tristesses encloses, En bien buvant prennent quelque fin. Versez, versez, versez ces roses en ce vin.
The text shown is a variant of another text. [ View differences ]
It is based on
- a text in French (Français) by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2014, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Linda Godry) (Heide Wiesner) , "Laßt uns diese Rosenblüten in unseren Wein streuen", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
38. À Nicolas  [sung text checked 1 time]
Nicolas, faisons bonne chère, Pendant qu'en avons le loisir, Trompons le soin et la misère Ennemis de notre plaisir. Purgeons l'humeur qui nous enflamme D'avarice et d'ambition, Ayons, philosophes, une âme Franche de toute passion, Chassons le soin, chassons la peine, Contentons-nous de n'être rien, Quand notre âme sera bien saine Tout le corps se portera bien. Quand la fièvre, dont la mémoire Me fait encore frissonner Ne t'aurait appris qu'à bien boire, Tu ne la dois abandonner : Bois ! bois souvent, et bois encore, bois ! À toutes les fois que l'envie Te prendra de boire, rebois ! Bois souvent, aussi bien la vie N'est pas si longue que le doigt. Nicolas ! bois encore, bois encore, bois !
The text shown is a variant of another text. [ View differences ]
It is based on
- a text in French (Français) by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "À Simon Nicolas, Secretaire du Roy", appears in Les Odes, no. 13, first published 1584
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "To Nicholas", copyright © 2014, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Linda Godry) (Heide Wiesner) , "Für Nicolas", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
39. Pour boire dessus l'herbe tendre  [sung text checked 1 time]
Pour boire dessus l'herbe tendre
Je veux sous un laurier m'étendre,
Et veux qu'Amour, d'un petit brin
Ou de lin ou de chènevière
[Trousse au flanc]1 sa robe légère,
[Et, mi-nue,]2 me verse du vin.
[L'incertaine vie]3 de l'homme
De jour en jour se roule comme
Aux rives se roulent les flots :
Puis après notre heure dernière
Rien [de nous ne]4 reste en la bière
[Qu'une vieille carcasse d'os]5.
Je [ne]6 veux, selon la coutume,
Que d'encens ma tombe on parfume,
Ni qu'on y verse des odeurs ;
Mais [tandis] que je suis envie,
J'ai de me parfumer envie,
Et de me couronner de fleurs7,
[ ... ]
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, appears in Les Odes, no. 17 [author's text checked 1 time against a primary source]
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "To drink upon the tender grass", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Linda Godry) (Heide Wiesner) , "Ein Glas auf weichem Gras zu trinken", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Gouvy: "Relève"
2 Gouvy: "Et gaiment"
3 Gouvy: "La vie incertaine"
4 Gouvy: "ne nous"
5 Gouvy: "Que la poussière de nos os"
6 omitted by Gouvy.
7 Gouvy adds here:
Qu'on verse des odeurs ! Qu'on me qouronne de fleurs !
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
40. Adieu à la jeunesse  [sung text checked 1 time]
Ma douce jouvence est passée, Ma première force est cassée : J'ai la dent noire et le chef blanc. Froid est mon corps, glacé mon sang Ma douce jouvence est passée, Ma première force est cassée. Adieu ma lyre, adieu fillettes, Jadis mes douces amourettes, Adieu, je sens venir ma fin Adieu, ma lyre, adieu, fillettes, Nul passetemps de ma jeunesse Ne m'accompagne en la vieillesse, Que le feu, le lit et le vin. J'ai la tête tout étourdie, De trop d'ans et de maladie ; De tous cotés [sic!] le soin me mord, Et soit que j'aille ou que je tarde, Toujours après moi je regarde Si je verrai venir la mort.
The text shown is a variant of another text. [ View differences ]
It is based on
- a text in French (Français) by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, appears in Les Odes, no. 11
Go to the single-text view
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- GER German (Deutsch) (Linda Godry) (Heide Wiesner) , "Adieu Jugend", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission